Les dangers du coquelicot pour les chevaux

Gros plan sur un coquelicot

Il flotte, avec ses pétales rouges éthérés, dans tous les champs, les parcs et les bords de route : c’est le coquelicot ! Et derrière cette plante si commune en France se cache un poison pour nos chevaux : la rhoeadine, un composant qui se rapproche de l’opium. Si elle est naturellement peu intéressante pour le palais délicat des équidés, elle peut contaminer les fourrages et, par extension, provoquer une intoxication. Les symptômes sont principalement d’ordre digestif et neurologique, mais leurs conséquences sont moindres et ne nécessitent qu’un traitement léger. Dans cet article, nous vous détaillons tout : des signes qui doivent vous alerter aux bons gestes en cas d’ingestion en passant par la prévention.

Reconnaître le coquelicot

S’il y a une plante qui est facile à reconnaître au moment de sa floraison, c’est bien le coquelicot et ses sublimes pétales rouge vif ! Mais durant le reste de l’année, seriez-vous capable d’en faire de même ? Nous allons donc commencer cet article par un petit point « botanique » avant de passer aux dangers qu’il représente pour nos chevaux.

Faisons les présentations : le coquelicot ou papaver rhoeas est une plante que l’on retrouve dans toute la France. Après une disparition de nos champs durant quelques années (due à l’utilisation d’herbicides particulièrement agressifs), il revient en force et inonde prairies, fossés, talus, terrains vagues, parcs, jardins et autres espaces verts urbains et ruraux. Vous n’avez pas pu passer à côté !

Parmi les caractéristiques distinctes du coquelicot, nous retrouvons ainsi :

  • un bouton vert clair, mat et velu qui s’incline vers le sol en début de floraison ;
  • des fleurs rouge flamboyant, aériennes et délicates au cœur noir pendant la période de floraison entre mai et juillet ;
  • des feuilles vert clair et duveteuses, finement découpées ;
  • des tiges longues, fines et poilues qui peuvent atteindre 90 cm (!) de hauteur et qui sécrètent un liquide épais blanchâtre quand on les sectionne ;
  • des capsules ovales qui apparaissent après la floraison et remplies d’une multitude de petites graines prêtes à être disséminées par le vent.

Un doute ? Servez-vous d’une application pour identifier n’importe quelle plante comme PlantNet ou PlantSnap !

Les circonstances d’intoxication au coquelicot chez les chevaux

Si le coquelicot est toxique, il reste heureusement peu appétant aux yeux des équidés. Le risque d’empoisonnement est donc très limité, car les chevaux n’en consomment qu’en cas de disette forcée, et encore ! Pourtant, le risque zéro n’existe pas : les intoxications au coquelicot ont généralement lieu lorsque la plante est mêlée au foin. Et pour cause, après avoir été séchée, elle perd son odeur répulsive, mais n’en est pas moins toxique.

Bon à savoir : toute la plante est vénéneuse pour le cheval, mais au vu des circonstances d’ingestion, on remarquera que ce sont surtout les tiges et les capsules qui sont responsables des troubles neurologiques et digestifs.

Les symptômes et signes évocateurs d’une intoxication au coquelicot

Le coquelicot fait partie de la même famille que le pavot et contient, à ce titre, de la rhoeadine, un alcaloïde proche de l’opium. Nous vous rassurons tout de suite : cette dernière n’est présente qu’en très peu de quantité et sa toxicité est particulièrement faible. Il n’y a donc pas de risque mortel, ni de dépendance : votre compagnon à quatre pattes ne va pas devenir accro au coquelicot.

Concrètement, l’empoisonnement au coquelicot n’est possible que si l’équidé consomme une très grande dose de rhoeadine (donc une quantité importante de la plante), ce qui est relativement rare. Ce n’est qu’à ce moment-là que des symptômes vont faire leur apparition :

  • En cas d’intoxication légère : sédation minime, sidération de l’animal, petits troubles digestifs.
  • En cas d’intoxication plus forte : ataxie (manque de coordination des membres), baisse du rythme cardiaque, constipation ou au contraire diarrhées, coliques, hyperexcitation, convulsions.
  • Dans certains cas exceptionnels : troubles nerveux avec une alternance de phase d’abattement et de phase d’hyperexcitation. Cela ressemble à une intoxication à la morphine, d’où le nom donné par les vétérinaires de « folie morphinique ».

Que faire si mon cheval est victime d’une intoxication au coquelicot ?

Contrairement à d’autres plantes vénéneuses, le coquelicot n’est pas létal : il suffit généralement de détruire le foin contaminé pour que les troubles se ralentissent avant de disparaître en quelques jours. Les équidés récupèrent ensuite très vite, sans aucune conséquence digestive ou neurologique.

Toutefois, ce n’est pas une raison pour ne pas prendre au sérieux cette intoxication ! Dès le moment où vous soupçonnez une ingestion de coquelicot, contactez votre vétérinaire, éloignez le fourrage incriminé (ou le cheval CQFD) et conservez précieusement un échantillon pour le montrer au professionnel. Ce dernier pourra administrer un traitement symptomatique (c’est-à-dire qu’il va traiter uniquement les symptômes) notamment en cas de coliques. Les frais engagés seront ensuite remboursés en totalité ou en partie par votre assurance cheval.

Comment prévenir l’ingestion de coquelicot ?

Même si les conséquences d’une intoxication au coquelicot sont relativement « faibles », mieux vaut toutefois l’éviter, à moins de vouloir rentabiliser l’assurance santé pour votre cheval à tout prix !

Pour une prévention efficace, vous pouvez :

  • interdire l’accès aux pâturages envahis par les coquelicots (= la plante doit couvrir plus de 40 % du pré pour que ce dernier soit considéré comme « envahi ») ;
  • bannir la fauche des champs saturés par les coquelicots ;
  • vérifier avec attention toutes les bottes de foin et de paille et/ou les faire analyser en cas de doute ;
  • détruire les bottes si vous retrouvez des tiges et/ou des capsules à l’intérieur ;
  • en parler autour de vous (les autres propriétaires, les agriculteurs, les gérants d’écuries et de pension, etc.) afin de sensibiliser le plus de monde possible.

Parce que même s’il est particulièrement beau et que Kenzo en fait son égérie pour un parfum, on préfère le coquelicot loin de nos compagnons à quatre pattes.

Source :

RESPE – « Fiche Plantes toxiques : le coquelicot »