Les maladies et affections du poulain | Equidassur

Photo d'un poulain en mauvaise santé

S’il peut se tenir debout 2 heures seulement après sa naissance, le poulain nouveau-né n’en reste pas moins particulièrement sensible aux bactéries et aux virus divers et variés. Dans cet article complet, nous allons faire un tour d’horizon des principales maladies du poulain : de la rhodococcose au syndrome d’inadaptation néonatale, en passant bien sûr par la salmonellose et les infections à streptocoques. Nous verrons également les signaux d’alerte qui doivent vous interpeller et bien évidemment, les soins et traitements qui pourront vous être utiles. En bref, tout pour assurer la santé et la vitalité de vos équidés miniatures !

Les principales maladies du poulain

Dans cette partie, vous trouverez un récapitulatif concis des principales maladies du foal (= cheval âgé de moins d’un an). Chacune fera l’objet d’articles spécifiques et ce guide sera mis à jour régulièrement pour que vous puissiez y accéder en un clic !

La rhodococcose

Particulièrement crainte par les éleveurs de chevaux du fait de son agressivité, la rhodococcose est une infection bactérienne causée par Rhodococcus equi, une bactérie très répandue dans le milieu ambiant. Son taux de mortalité est redoutable et peut atteindre plus de 80 % en l’absence de traitement (!). Pire, son mode de transmission par voie respiratoire crée de véritables « vagues » épidémiques puisque la bactérie se déplace par le biais des matières fécales et la poussière environnante. Il suffit qu’un poulain soit contaminé pour que ces petits camarades l’inhalent à leur tour.

Concrètement, la maladie se manifeste par des troubles respiratoires graves (pneumonie avec abcès pulmonaires), mais également des troubles articulaires. La fièvre et la toux sont aussi au rendez-vous.

Enfin, le traitement est, sans surprise, antibiotique avec l’administration de macrolides (comme l’érythromycine, l’azithromycine ou la clarithromycine) ou de rifampicine.

La diarrhée du poulain

Rappelons l’évidence : la diarrhée n’est pas à proprement parler une maladie du poulain, mais plus un symptôme qui peut avoir plusieurs causes : des vers, une bactérie (salmonella par exemple) ou un virus (rotavirus par exemple). Pour savoir ce qui la provoque, il n’y a qu’une chose à faire : demander un examen laboratoire à votre vétérinaire afin d’identifier précisément le responsable de ces crottins mous ou liquides. Ce n’est qu’une fois le résultat reçu que le traitement pourra être administré, traitement qui n’est pas le même suivant s’il s’agit d’une infection virale, parasitaire ou bactérienne…

Bon à savoir : la diarrhée néonatale du poulain est un problème relativement fréquent notamment durant les 6 premiers mois de vie, mais il n’en faut pas moins la prendre au sérieux, car, outre les risques de déshydratation, les complications peuvent être dangereuses, irréversibles, voire létales si rien n’est entrepris.

Les déformations des membres ou déviations angulaires

Un poulain avec les genoux qui rentrent ou avec un membre qui part vers l’intérieur, les vétérinaires appellent cela les déviations angulaires quand le commun des mortels opte pour le terme plus générique de « déformation des membres ».

Elles peuvent être présentes à la naissance (et donc avoir été développées in utero) ou apparaître lentement, mais sûrement pendant les premiers mois de vie du foal. Les deux variantes (le valgus ou le varus selon l’angle de la déviation) sont liées à un souci de croissance osseuse et peuvent être soignées afin de limiter les répercussions sur le cheval à l’âge adulte (et ses éventuelles performances sportives). Pour ce faire, et suivant la sévérité de la déviation, les vétérinaires préconisent des soins de maréchalerie, des ondes de choc jusqu’à l’intervention chirurgicale pour les cas les plus graves.

L’isoérythrolyse

Une incompatibilité entre les globules rouges du poulain et les anticorps de sa mère. Voilà comment définir très succinctement l’isoérythrolyse néonatale, également appelé anémie hémolytique ou ictère du poulain nouveau-né.

Pour schématiser, pendant les 36 premières heures de vie d’un poulain, son tube digestif laisse passer de nombreuses molécules maternelles, dont les anticorps afin de booster son immunité. Ces derniers se trouvent dans le colostrum (les premiers laits tétés, très épais et jaunâtres) et agressent littéralement les globules rouges du petit en les faisant éclater. En quelques jours, le poulain est anémié et peut, si rien n’est fait pour y remédier, décéder.

Les symptômes sont peu nombreux, mais caractéristiques : faiblesse musculaire, jaunisse et tachycardie (rythme cardiaque trop élevé). Quant au traitement, il est unique : c’est la transfusion.

L’avantage, c’est qu’au-delà de ces 36 premières heures de vie, le poulain peut revenir téter sa mère sans risque d’une nouvelle isoérythrolyse puisque ses intestins ont refermé leurs « barrières ». Durant ce laps de temps, un colostrum du commerce (ou d’une autre jument allaitante) pourra lui être donné.

La rétention de méconium

Le méconium, ce sont les premières selles d’un poulain nouveau-né. Ces dernières doivent impérativement être expulsées dans les 24 premières heures de vie. Après ce délai, on parle de rétention de méconium et il faut agir, et vite. Et pour cause, ce « bouchon » dans le gros intestin peut entraîner des coliques, un risque mortel. Le vétérinaire prescrit généralement des lavements afin de ramollir les selles et aider à leur évacuation, mais aussi des anti-douleurs en traitement symptomatique.

Les hernies ombilicales

Comme chez les humains (et bon nombre de mammifères), les hernies ombilicales sont possibles chez les foals. Il s’agit d’une malformation dans la paroi abdominale, une sorte de trou, qui laisse passer une partie (infime, on vous rassure) des intestins.

Assez curieusement, les hernies ombilicales chez le poulain sont fréquentes et relativement bénignes. La plupart disparaissent de manière spontanée et ne nécessitent aucune intervention chirurgicale. En revanche, pour les trous où il est possible de glisser 2 doigts, votre vétérinaire vous conseillera l’opération pour « refermer » l’anomalie physiologique. Et rassurez-vous : malgré les dangers inhérents à l’anesthésie générale, les issues sont très largement positives.

Bon à savoir : même si cela peut être très impressionnant, la hernie ombilicale n’est pas une urgence vétérinaire.

Le syndrome d’inadaptation néonatale

Aussi connu sous le sigle SIN ou le syndrome du poulain factice, le syndrome d’inadaptation néonatale est une maladie neurologique rare, touchant environ 1 % à 5 % des poulains, notamment chez les Pur-Sang. La plupart du temps, il est provoqué par un manque d’oxygène et de nutriments pendant la gestation, mais également, bien que ce soit moins fréquent, par la stagnation des hormones placentaires après la naissance (alors que ces dernières doivent diminuer drastiquement).

Le SIN entraîne des comportements alarmants : léthargie, incapacité à reconnaître sa mère et par conséquent, à se nourrir, impossibilité de tenir debout et de marcher… Pourtant, le pronostic est généralement bon si le petit équidé est pris en charge (soins de soutien intensifs).

Les bactéries à l’origine d’infections néonatales chez le poulain

Première cause de mortalité chez les poulains nouveau-nés, les bactéries sont de véritables ennemies. Dans cette deuxième partie, nous allons donc jouer du microscope pour vous les présenter succinctement. Que la contamination ait eu lieu in utero ou après la mise bas, que l’infection soit généralisée (on parle alors de septicémie) ou localisée dans un seul organe (méningite, hépatite, etc.), les symptômes apparaissent rapidement : comptez entre 12 h à 96 h après le début de l’attaque bactérienne.

Salmonella

Imaginez une créature microscopique, longue et fine, ressemblant à un minuscule bâtonnet. Elle est équipée de plusieurs flagelles, semblables à de petits fouets, qui lui permettent de nager dans son environnement. C’est bien elle : Salmonella, responsable de la salmonellose ! Cette infection est très grave, notamment chez les poulains nouveau-nés, et provoque diarrhée sévère, fièvre et déshydratation rapide pouvant mener à un choc septique. Alors attention à l’eau et aux aliments qu’elle aime contaminer à loisir.

Escherichia coli

Escherichia coli (connu aussi sous son sobriquet E.coli) est une bactérie longue et fine, entourée de poils ressemblant vaguement à des cheveux et appelés fimbriae qui lui permet de s’attacher aux surfaces. Présentes naturellement (et sans faire de ravage) dans l’intestin des chevaux, certaines souches pathogènes peuvent provoquer des infections graves chez le foal dont les systèmes digestif et immunitaire sont immatures. Diarrhée, déshydratation, septicémie… les symptômes font penser à la salmonellose, et seule une analyse en laboratoire indiquera qui est responsable de l’état de santé du petit équidé.

Klebsiella

Klebsiella pneumoniae ressemble à une gélule longue et épaisse, entourée d’une capsule visqueuse qui la protège et lui donne un aspect lisse et brillant. Et contrairement à d’autres bactéries comme E.coli ou Salmonella, elle ne possède aucun flagelle pour se déplacer et reste donc immobile.

Bactérie opportuniste, elle vit en paix dans l’organisme de nombreux équidés (humains et autres animaux à sang chaud) jusqu’à ce qu’une faille apparaisse dans les défenses immunitaires de son hôte. Elle devient alors dangereuse provoquant des infections graves, notamment des pneumonies, des infections urinaires, des septicémies. Pour l’arrêter, une seule solution : un traitement antibiotique approprié !

Streptococcus

De petites sphères rondes, souvent regroupées en chaînes, comme un collier de perles microscopique… Nous vous présentons Streptococcus equi et Streptococcus zooepidemicus, deux Streptocoques responsables de nombreuses infections du poulain. Ces bactéries engendrent des maladies respiratoires graves (comme la gourme), une inflammation importante des voies respiratoires et des ganglions lymphatiques, mais aussi des polyarthrites chez les foals. La pénicilline reste l’antibiotique de prédilection des vétérinaires dans ce cas de figure.

Identifier et traiter les maladies chez le poulain

La théorie, c’est une chose. Passons à présent à la pratique : quels sont les signaux d’alarme et que faire quand votre poulain ne va pas bien ?

Reconnaître les maladies et infections

Chaque poulain est différent, mais globalement, un petit qui joue, qui caracole, qui tète régulièrement est un petit en bonne santé.

Voici quelques signes qui peuvent et doivent vous inquiéter :

  • absence de réflexion de succion (il s’agit d’une urgence vétérinaire vitale !) ;
  • difficulté à se mettre debout et/ou à maintenir la position ;
  • refus de téter (ou si le poulain cesse de téter après avoir commencé) ;
  • abattement, faiblesse ou léthargie (le poulain semble moins actif que d’habitude, il ne joue pas et peut aussi être complètement prostré) ;
  • gencives et tour de l’œil rouge pâle, jaunâtres ou violette ;
  • température au-dessus de 38,5 °C (fièvre) ou en dessous de 37 °C (hypothermie) ;
  • dyspnée (fréquence respiratoire trop élevée) ou détresse respiratoire ;
  • écoulements anormaux au niveau des yeux (signe d’infection) ;
  • lait ou écoulement anormal autour des naseaux (signe d’une malformation la cavité buccale, de soucis de déglutition ou d’infection respiratoire) ;
  • problèmes de transit (pas d’expulsion du méconium, constipation, diarrhée) ;
  • abdomen gonflé ou dur (signe de problème digestif comme une rétention de méconium ou une colique) ;
  • colique ;
  • difficulté à uriner ;
  • ombilic gros, chaud et humide
  • déformations des membres ;
  • boiterie ;
  • convulsions ;
  • etc.

Si vous observez un de ces signes chez votre poulain et que vous avez le moindre doute, mieux vaut faire fonctionner votre assurance cheval et contacter rapidement votre vétérinaire. N’oublions pas à quel point les poulains sont fragiles !

La surveillance des maladies du poulain par le RESPE

Le RESPE (pour Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine) est une association et un institut de recherche renommé en France. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous appuyons régulièrement sur leurs affirmations et études pour la rédaction de nos articles (en témoignent nos sources !).

Depuis 2014, cet organisme a ajouté une nouvelle corde à son arc de missions et a mis en place la surveillance des Maladies du poulain. Initialement dédiée aux diarrhées infectieuses chez les nouveau-nés et les équidés de moins de 4 mois, elle s’est élargie aux foals et prend maintenant en compte la rhodococcose.

Le but ? Il est multiple :

  • Comprendre la fréquence des maladies : combien de poulains sont touchés par des diarrhées et la rhodococcose dans notre pays ? Y a-t-il des épidémies ? Comment se caractérisent-elles ? Quelles en sont les causes ?
  • Soutenir les professionnels et les autorités : dans la ligne droite de ce premier point, le RESPE fournit des informations utiles aux vétérinaires et aux autorités sanitaires pour gérer les crises en cas d’épidémie.
  • Aider à diagnostiquer les maladies : sur le terrain, le RESPE aide les vétérinaires à identifier les agents infectieux chez les poulains pour mieux comprendre chaque cas (et proposer le traitement adéquat CQFD).
  • Collecter des données importantes : l’institut de recherche recueille des renseignements sur les maladies pour répondre aux questions des éleveurs et identifier les risques possibles.
  • Encourager la recherche : pour mieux connaître ces maladies, améliorer la prévention et développer de meilleurs outils pour diagnostiquer et traiter les poulains malades.

Mais alors comment ça se passe concrètement ? Quand un poulain montre des signes d’infection, le Vétérinaire Sentinelle (il s’agit d’un vétérinaire praticien bénévole et volontaire qui collabore avec le RESPE) peut, avec votre accord, le signaler au RESPE. Cela aide à savoir combien d’équidés sont malades et où ils se trouvent.

Le VS prélève alors des échantillons : des selles pour les diarrhées, des abcès pulmonaires, un lavage respiratoire ou encore une ponction d’arthrite pour la rhodococcose. Ces échantillons sont ensuite envoyés à un laboratoire partenaire du RESPE pour vérifier la présence de virus ou de bactéries comme :

  • le rotavirus ;
  • le coronavirus ;
  • Salmonella ;
  • Escherichia coli ;
  • Lawsonia intracellularis ;
  • Clostridium perfringens ;
  • Rhodococcus equi (rhodococcose).

Si une maladie est confirmée, cette information est partagée pour que les propriétaires de chevaux puissent être plus vigilants et prendre des mesures de précaution si nécessaire.

Bon à savoir : dans le cadre de la surveillance des Maladies du poulain, le RESPE couvre 50 % des frais d’analyses pour détecter la rhodococcose et 60 % pour identifier les causes de diarrhée. Même si vous avez une assurance santé pour votre poulain, c’est toujours intéressant !

Les soins à donner à un poulain malade

Votre petit protégé ne semble pas dans son assiette ? Même si vous avez l’habitude des chevaux adultes, les poulains, eux, ont besoin d’une attention toute particulière et des soins adaptés.

Voici donc quelques conseils :

  • Surveiller les signes vitaux régulièrement : température, fréquence respiratoire, état général… Tout changement doit vous mettre en alerte.
  • Consulter un vétérinaire : c’est un indispensable ! Mieux vaut le faire déplacer « pour rien » qu’attendre trop longtemps. Lui seul pourra poser un diagnostic précis et vous prescrire les médicaments et antibiotiques nécessaires. Et pour rappel, ne pratiquez surtout pas l’automédication avec votre poulain ! Vous pourriez faire plus de mal que de bien.
  • Donner de l’eau ou du lait de jument à votre poulain : il doit absolument rester hydraté (surtout en cas de diarrhée sévère et/ou de forte fièvre). Si le poulain ne veut ou ne peut pas téter, le vétérinaire pourra l’aider via une sonde nasograstique ou une fluidothérapie une voie intraveineuse.
  • Réchauffer le poulain (ou son environnement) : les poulains malades peuvent avoir du mal à réguler leur température et l’hypothermie est vite arrivée. Mettez-lui une couverture et/ou protégez-le dans un endroit chaud et sec (direction le box s’il est au pré par exemple).
  • Désinfecter le cordon ombilical : c’est un geste préventif qui permet d’éviter les infections. À faire deux fois par jour avec un antiseptique (Bétadine par exemple).
  • Isoler le poulain : dès les premiers signes de maladie, et pour limiter la propagation de l’infection dans vos écuries, mettez-le à l’écart des autres équidés.
  • Veillez à l’hygiène : un environnement propre réduit considérablement les risques de maladies et d’infections. La litière doit être nettoyée soigneusement au moins 2 fois par jour (matin et soir), le box ventilé et vidé de fond en comble 2 fois par semaine.

Avec ces conseils, vous mettez toutes les chances de votre côté pour que votre poulain se rétablisse vite et dans les meilleures conditions.