L’engorgement du cheval : causes et soins

Pattes de cheval dans l'eau.

L’engorgement chez le cheval est un phénomène fréquent qui peut inquiéter les propriétaires, mais qui, bien généralement, reste bénin. Ce gonflement dû à un surplus de lymphe dans les membres postérieurs est souvent lié à un manque d’exercice. Plus rarement, c’est un choc, une tendinite ou une infection (la lymphangite) qui en est le responsable. Comment soulager cet œdème ? Comment éviter ces soucis de circulation veineuse ? Et surtout, quand appeler le vétérinaire ? C’est ce que nous verrons dans cet article.

Qu’est-ce que l’engorgement des tendons chez le cheval ?

L’engorgement des tendons, aussi connu sous le nom d’œdème de stagnation, œdème distal des membres ou encore œdème à godet, est la cause principale des enflures au niveau des jambes des équidés. Généralement, ce gonflement touche les membres postérieurs et peut s’étendre de la bande coronaire (juste au-dessus du sabot) jusqu’au jarret. Plus rarement, l’engorgement se localise sur les antérieurs.

Même si cela peut être impressionnant, l’engorgement des tendons n’est, la plupart du temps, pas grave : il est dû à une stagnation de la lymphe dans les jambes de votre cheval suite à un manque d’activité physique. Dès que votre compagnon recommence à bouger, ne serait-ce que marcher au pas, la circulation lymphatique repart et la « gonfle » se résorbe.

Pour rappel : la lymphe est un liquide clair qui contient des globules blancs, circulant dans des vaisseaux lymphatiques à travers tout le corps. Elle est essentielle pour son bon fonctionnement puisqu’elle est responsable de l’élimination des toxines, du transport des nutriments et des défenses immunitaires.

Toutefois, il arrive que cet œdème de stagnation devienne chronique ou qu’il soit le symptôme d’une pathologie plus grave. Nous allons aborder les différents cas de figure dans la suite de cet article.

Les causes de l’engorgement chez le cheval

Engorgement par défaut de retour veineux

Avant d’être domestiqués, les équidés marchaient tous les jours sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Tout leur physique est pensé en ce sens. Aujourd’hui, nos chevaux, et notamment ceux qui vivent au box, ne peuvent pas se « défouler » autant. Et ces longues périodes d’inactivité peuvent entraîner un défaut de circulation sanguine et lymphatique. Comme nous l’avons vu précédemment, la lymphe reste comme « bloquée » dans les jambes.

Vous voulez être sûr qu’il s’agit d’un simple manque d’activité physique ? C’est facile : l’œdème de stagnation se localise généralement sur les postérieurs, touche le paturon et le boulet pour remonter jusqu’à mi-canon. Si vous exercez une pression sur le gonflement, votre empreinte reste imprimée quelque temps, sans que ce soit douloureux pour votre compagnon. Ce dernier ne présente d’ailleurs aucune boiterie et il suffit d’une quinzaine de minutes de pas pour voir l’engorgement se résorber.

Engorgement suite à un choc

Contrairement à l’œdème de stagnation, l’engorgement dû à un choc est très localisé et ne touche qu’un seul membre (antérieur ou postérieur suivant où a porté le coup). Les vétérinaires parlent plutôt d’hématome.

Il est possible que votre cheval boite, mais ce n’est en rien une obligation. De même, vous pouvez repérer un suros ou une petite plaie, mais encore une fois, rien de systématique. Au fur et à mesure que les jours passent, l’engorgement peut s’étaler et prendre toute la partie inférieure du membre.

Engorgement suite à une infection (= Lymphangite)

Ce type d’engorgement est dû à une infection bactérienne (de la famille des streptocoques généralement) aigüe de la lymphe. Les symptômes sont bien différents de ce que l’on a pu voir avant : douleur au toucher, boiterie, petites croûtes sur l’épiderme (= les points d’entrée de la bactérie), engorgement asymétrique (= sur un seul membre) qui peut grimper jusqu’en haut de la jambe…

Cette pathologie requiert l’intervention rapide d’un vétérinaire et la prise d’antibiotiques pour éviter toute séquelle.

Engorgement suite à une inflammation de tendons ou du boulet

Signe clinique d’une tendinite ou d’une entorse au niveau du boulet ou des tendons du membre, ce type d’engorgement est presque toujours associé à une boiterie et se localise sur un seul membre. Le fait de marcher ne va, bien entendu, pas aider à résorber l’œdème. Au bout de quelques jours, celui-ci va diminuer, mais une déformation du membre restera visible.

Faites venir un vétérinaire pour poser le diagnostic et mettre en place un traitement médicamenteux pour soulager la douleur. Le maréchal-ferrant aura aussi son rôle à jouer pour limiter les sollicitations des tendons touchés.

Comment soigner ou soulager l’engorgement du cheval ?

La très grande majorité des œdèmes de stagnation passent après 10 à 15 minutes d’exercice léger (= du pas !). Et pour cause, le mouvement des pieds agit telle une pompe en aidant à faire remonter le sang et la lymphe vers le cœur. Si votre cheval ne veut pas bouger ou s’il boite, mieux vaut privilégier d’autres techniques comme nous allons voir juste ci-dessous.

La douche froide

Passer le jet d’eau froide de bas en haut pendant quelques minutes permet de réactiver la circulation sanguine et de repousser la lymphe. C’est l’idéal si votre cheval semble avoir mal ou si la gonfle ne diminue pas avec l’exercice. Vous pouvez aussi tester la douche écossaise en alternant chaud et froid.

Autre option : utiliser des guêtres refroidissantes. Si vous n’en avez pas sous la main, vous pouvez vous servir de simples compresses de glace que vous fixerez sur le membre grâce à des bandes de polo, ça fonctionne très bien.

Les bandes de repos

Nous avons évoqué les guêtres refroidissantes dans la partie précédente, mais sachez que les bandes de compression, si elles sont bien tolérées par votre cheval, peuvent aider à forcer le liquide en surplus à retourner dans le système lymphatique et la circulation sanguine.

Seule précaution : ne serrez pas trop les bandes de repos et ne les laissez pas trop longtemps (une douzaine d’heures au maximum).

L’argile

Très plébiscitée dans les écuries, l’argile verte est le remède parfait (ou presque) pour soigner l’engorgement chez le cheval. Et pour cause, il cumule les qualités :

  • doté d’un fort pouvoir d’absorption ;
  • possède des propriétés astringentes (= l’argile resserre les tissus pour une cicatrisation plus rapide) ;
  • peu de contre-indications et d’effets secondaires (à ne pas appliquer sur une plaie ou une peau irritée) ;
  • est un antibactérien naturel (les bactéries comme le streptocoque sont absorbées puis retenues dans l’argile).

Vous la dénicherez pour quelques euros en pharmacie, et sans ordonnance. À appliquer humide, en cataplasme et à retirer dès qu’elle devient sèche. Renouvelez jusqu’à ce que l’œdème dégonfle.

Les plantes drainantes

La phytothérapie et l’aromathérapie peuvent aussi être une solution naturelle pour soigner l’engorgement chez le cheval.

Du côté des huiles essentielles aux effets drainants et anti-inflammatoires, retenons notamment le cyprès commun, la citronnelle de Java ainsi que l’eucalyptus citronné. Prudence, ne les appliquez jamais pures sur votre cheval, mais toujours diluée dans une huile neutre ! Et bien évidemment, en cas de plaie ou d’irritations cutanées, passez votre chemin.

Concernant les plantes, certaines sont réputées pour leurs propriétés drainantes qui augmentent le tonus veineux et aident au drainage lymphatique. C’est le cas tout particulièrement de l’artichaut, du pissenlit, du chrysantellum, du marronnier d’Inde, du frêne ou encore de la bardane. Vous les trouverez sous forme de compléments alimentaires (ou même de plantes à faire infuser !), mais avant de les distribuer à votre compagnon à quatre pattes, demandez toujours l’avis de votre vétérinaire.

Quand appeler le vétérinaire ?

Qu’il s’agisse d’un œdème de stagnation, d’un engorgement suite à un choc ou à une tendinite, ce n’est pas une urgence. D’ailleurs, en cas d’échographie, il est préférable d’attendre que le gonflement se résorbe quelque peu afin d’avoir plus de visibilité sur les images. En réalité, seule la lymphangite impose une intervention de la part du vétérinaire au plus vite.

De manière générale, nous vous recommandons d’appeler le vétérinaire si l’engorgement de votre cheval est associé à de la fièvre (plus de 38,5 °C), une boiterie ou si l’œdème persiste plus de 48 h malgré l’exercice léger et les soins locaux (douche froide, cataplasme d’argile, etc.).

Préserver les tendons de son cheval

Finissons cet article par quelques mesures de prévention. En effet, il existe quelques gestes et habitudes simples à mettre en place pour protéger les tendons de votre cheval :

  • Évitez les périodes de confinement au box autant que possible (le cas échéant, proposez des sorties très régulières à l’extérieur).
  • Après une séance de travail intensive, un passage par la douche est le bienvenu ! Rincez les jambes à l’eau froide (ou tiède suivant la saison) et posez des bandes de repos pour prévenir l’accumulation de lymphe.
  • Assurez-vous que votre cheval a toujours de l’eau propre et fraîche, ainsi que du sel en libre accès. Le but : éviter la déshydratation qui joue un rôle dans les engorgements.
  • Faites venir le maréchal-ferrant ou le pareur si votre compagnon a tendance à faire des œdèmes distaux des membres (trop) régulièrement. Certains fers comme les fers barrés empêchent la sole et la fourchette d’être en contact avec le sol et supprimer donc l’effet « pompe » du sabot.