La grippe équine fait partie des maladies du cheval les plus contagieuses. Elle peut toucher toute une écurie en moins de 24 heures… Fort heureusement, cette infection n’est pas mortelle ! Votre cheval présente une (très) forte fièvre ? Il est abattu ? Tousse en quinte ? Ces compagnons de pré ne semblent pas au mieux de leur forme ? Le responsable est peut-être un virus grippal de type A. S’il n’y a pas de traitement spécifique, rassurez-vous, votre vétérinaire pourra prescrire à votre équidé préféré des anti-inflammatoires pour le soulager. Pensez également au vaccin qui permet de limiter signes cliniques et contagion. Dans cet article, nous vous dévoilons tout ce qu’il y a à savoir sur cette maladie respiratoire. Quels sont les symptômes de la grippe équine ? Est-ce grave ? Comment l’éviter ? On vous dit tout !
Qu’est-ce que la grippe équine ?
Comme chez les humains, la grippe fait des ravages du côté des équidés ! C’est même la maladie respiratoire virale la plus contagieuse chez les chevaux (mais aussi les ânes et les mulets). En quelques heures, elle peut décimer toute une cavalerie. Heureusement, elle est rarement mortelle comme nous le verrons un peu plus tard dans cet article, mais derrière son passage, elle laisse des séquelles financières particulièrement importantes dans la filière équestre.
Comme vous vous en doutez sûrement, le mécanisme est le même que pour nous : il s’agit d’un virus grippal qui attaque les voies aériennes. La grippe équine est due à deux sous-types de virus grippaux de type A (oui, comme pour nous !) : le H7N7 et le H3N8. Et rassurez-vous, même s’ils sont apparentés à ceux que nous affrontons tous les hivers, ils ne peuvent pas s’en prendre à nous. En d’autres termes, si votre cheval a la grippe, il ne va pas vous contaminer !
À propos de contamination, la transmission de la grippe équine se fait principalement via la toux, mais les virus responsables peuvent aussi se propager par contact physique. Et ce, même si l’animal ne présente que de la fièvre (premier symptôme) ! Le matériel, les vêtements, les brosses, les tapis et autres accessoires peuvent également aider les organismes microscopiques à se disséminer un peu partout dans les écuries.
Bon à savoir : la grippe équine est une maladie inscrite dans le Code sanitaire de l’OMSA pour les animaux terrestres. À ce titre, dès qu’un cas fait son apparition dans un pays, ce dernier doit le déclarer à l’OMSA, l’Organisation mondiale de la santé animale.
Enfin, la maladie est répandue sur tout le globe, et par extension, dans toute la France. Les seules exceptions : l’Australie (bien qu’un foyer important ait été recensé en 2007), la Nouvelle-Zélande et l’Islande.
Quels sont les symptômes de la grippe chez les chevaux ?
Le délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes de la grippe est relativement court : entre 2 et 5 jours. Une fois cette période d’incubation passée, les chevaux malades présentent :
- une forte fièvre (température supérieure à 40 °C) ;
- un état d’abattement, une lassitude ;
- une faiblesse générale ;
- une perte importante d’appétit ;
- des douleurs musculaires (le cheval se déplace « bizarrement » comme s’il était courbaturé) ;
- un écoulement nasal translucide durant les premiers jours de la maladie ;
- une toux occasionnelle ou par quinte (avec douleur suivant les individus).
En bref, exactement comme nous quand nous avons la grippe !
Bien évidemment, suivant l’état de santé, le système immunitaire et le fait d’être ou non vacciné contre la grippe équine, certains individus présenteront des symptômes plus ou moins forts. Il y en a même qui n’auront absolument aucun signe clinique ou juste une petite fièvre entre 38 °C et 39 °C. Pourtant, le virus n’en reste pas moins très contagieux !
Comment diagnostiquer la grippe équine ?
Dans la très grande majorité des cas, ce sont d’abord les symptômes, et notamment celui de la fièvre très élevée et intense qui provoque abattement et léthargie, qui interpellent les propriétaires d’équidés. Le fait que les compagnons de pré ou les voisins de box présentent des signes cliniques identiques très rapidement démontre aussi une contagiosité forte, beaucoup plus importante que pour d’autres maladies virales comme la rhinopneumonie.
Mais pour poser avec certitude le diagnostic de la grippe équine, il faut en passer par des analyses en laboratoire. Le but est de rechercher le virus lui-même ou des anticorps à partir d’un test PCR ou d’une prise de sang. Dans ce dernier cas, pour éviter de confondre anticorps provoqués la maladie et anticorps dus au vaccin, deux prélèvements sanguins à 2 semaines d’intervalles sont nécessaires.
Quel est le traitement de la grippe chez le cheval ?
Diagnostiquer la grippe équine n’est, en soi, pas indispensable pour soigner l’infection. Et pour cause, comme il s’agit d’une maladie respiratoire virale, il n’existe aucun traitement spécifique. Eh oui ! « les antibiotiques, c’est pas automatique » et ceux-ci ne seront utilisés qu’en cas de surinfection bactérienne.
Si votre cheval est atteint, le vétérinaire vous proposera en revanche un traitement symptomatique (c’est-à-dire ne soulageant que les signes cliniques comme la fièvre, la toux, etc.). Généralement, il s’agit d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pour faire baisser la température corporelle de l’animal… et bien sûr, du repos ! Afin d’éviter des séquelles au niveau des poumons ou du cœur, il est recommandé de patienter 3 semaines avant de reprendre une activité physique avec votre compagnon.
Bon à savoir : concernant les antiviraux, même si leur efficacité a été prouvée par plusieurs études, leurs tarifs élevés n’en font pas le choix de prédilection des vétérinaires (et surtout des propriétaires !).
Enfin, parce que la grippe équine est particulièrement contagieuse, il est impératif d’isoler les individus malades dès l’apparition des premiers symptômes pour endiguer la propagation.
Comment prévenir la grippe équine par la vaccination ?
S’il n’existe aucun traitement spécifique pour soigner la grippe, la vaccination est, quant à elle, fortement recommandée pour les individus les plus « fragiles ». Ainsi, les poulains (à partir de 6 mois, car avant, ils profitent des anticorps maternels — si la poulinière est vaccinée) et les chevaux âgés sont en ligne de mire. Bien évidemment, si votre propre compagnon n’entre pas dans ces tranches d’âge, il est aussi possible de le faire vacciner contre la grippe équine !
Le protocole suivi par les vétérinaires est toujours plus ou moins le même selon les différents vaccins disponibles. Il se compose de 3 injections dites de primo-vaccination (c’est-à-dire la première fois que vous faites vacciner votre cheval contre le virus) : les deux premières sont séparées de 3 à 6 semaines, puis la dernière se fera 5 à 6 mois plus tard. Pour les rappels, c’est une fois par an avant l’hiver qui est la période la plus à risque ! L’idéal est donc de vacciner à l’automne, voire à la fin d’été.
Pour être protégé contre les virus grippaux, l’équidé doit patienter environ 15 jours après la seconde injection de primo-vaccination. Cette immunité dure ensuite 6 à 12 mois. D’où l’importance de bien penser aux rappels !
Bon à savoir : pour certains chevaux, le vétérinaire vous préconisera un rappel tous les 6 mois (plutôt que tous les ans). C’est le cas notamment de ceux qui sortent beaucoup en concours (et qui donc sont plus susceptibles de tomber dans un cluster de grippe équine), les jeunes (jusqu’à 5 ans environ) et les chevaux de plus de 20 ans dont le système immunitaire répond moins bien à la vaccination.
Quelle est la réglementation concernant la grippe équine ?
Aux yeux du ministère de l’Agriculture, la grippe équine est classée dans les dangers sanitaires de catégorie 3. À ce titre, la gestion d’une quelconque épidémie revient aux professionnels de la filière et non à l’État français. Concrètement ? Cela signifie qu’en France, la grippe équine n’est pas considérée comme une maladie réglementée qui doit être obligatoirement déclarée.
En revanche, le RESPE (Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine) surveille l’évolution des cas de grippe sur notre territoire (entre autres maladies contagieuses !). Si vous le souhaitez, il est possible de faire intervenir un vétérinaire « sentinelle » (= lié au RESPE) qui se chargera d’effectuer les prélèvements nécessaires (test PCR ou prise de sang). En procédant ainsi, vous permettez à l’organisation de comprendre le développement de l’épidémie afin de l’endiguer au mieux, mais aussi de connaître le sous-type de virus qui circule dans les différentes régions pour pouvoir faire évoluer la composition des vaccins. En échange, une prise en charge partielle des frais de laboratoire vous est proposée.
Au-delà de la simple déclaration d’un cas de grippe équine, la législation impose la vaccination obligatoire dans certains cas très particuliers comme :
- les chevaux participant à des rassemblements équestres (concours, compétition, courses par exemple) ;
- les étalons dont la semence est utilisée en insémination artificielle ;
- les étalons utilisés en monte naturelle de races Pur–Sang, AQPS, TF, SF, AR et Demi Sang Arabe, AA, Mérens ;
- les poulinières utilisées en monte naturelle de races PS, AQPS, TF, SF et AA.
La grippe équine peut-elle affecter les chevaux vaccinés ?
Contrairement à d’autres vaccins, celui dédié à la grippe équine ne protège pas totalement contre les virus grippaux. Un cheval vacciné peut donc tout à faire attraper la grippe. Néanmoins, il ne faut pas pour autant faire l’impasse sur ces injections !
En effet, même si votre compagnon est malade, la vaccination lui permettra d’avoir moins de symptômes (avec moins de risque de voir apparaître une surinfection bactérienne) et surtout, elle protégera le reste des écuries. Et pour cause, on considère que si 80 % d’une cavalerie est vaccinée, cela permet de prévenir une épidémie générale.
De manière générale, il faut toujours garder en tête, en tant que propriétaire, que l’isolement est la clé en cas de maladie virale pour éviter la contamination de tous.
Quelles sont les conséquences de la grippe équine sur la santé du cheval ?
La grippe équine en elle-même n’est pas mortelle pour les chevaux. En revanche, elle peut entraîner des surinfections bactériennes ou des complications de pneumonie qui, elles, sont dangereuses et potentiellement létales (tout particulièrement chez les individus âgés et les poulains).
Une simple grippe, sans complications, se guérit seule. Comme nous l’avons vu précédemment, les médicaments que va vous proposer le vétérinaire sont uniquement dédiés à soulager les symptômes. Seul le repos est indispensable.
Comptez une petite quinzaine de jours pour que votre compagnon à quatre pattes retrouve la forme… mais prudence, au moins 3 semaines sont nécessaires pour que les voies respiratoires soient totalement guéries (et ce, même si aucun signe de souffrance n’est visible).
Bon à savoir : certains chevaux peuvent mettre jusqu’à 6 mois pour récupérer totalement d’une grippe équine (mais sans aucune séquelle respiratoire).
Sources :
Grippe équine – Organisation mondiale de la santé animale
Fiche « Grippe Equine » – Respe – Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Équine