Le shivering chez le cheval

Le shivering, ou maladie du tremblement, est une affection complexe. Bien qu’elle soit connue depuis des décennies, cette maladie neurologique reste encore bien mystérieuse, tant au niveau de ses causes que de ses mécanismes. Mais le plus important n’est pas là : il n’existe pas de traitement à ces tétanies musculaires qui, lentement, mais sûrement, provoquent une atrophie des muscles de l’arrière-main des équidés. Alors, il faut tout miser sur la prévention (savoir repérer les signes cliniques et les facteurs aggravants) et prendre soin des malades quand il est trop tard. Dans cet article, nous faisons un large tour d’horizon du sujet pour vous offrir toutes les informations nécessaires.

Qu’est-ce que le shivering ?

Le shivering, aussi appelé maladie du tremblement ou syndrome du trembleur, est une affection rare, d’origine neurologique. Comme son nom l’indique, il se caractérise par l’apparition de spasmes involontaires et intermittents au niveau des postérieurs du cheval.

Bien qu’elle soit décrite sporadiquement dans la littérature vétérinaire depuis la fin du 19e siècle, cette affection reste mal connue et très peu de publications et d’études lui ont été dédiées. Certains la résument par l’abréviation 2HT2S pour :

  • Hypertonie (= contraction pathologique des muscles)
  • Hyperflexion ;
  • Tremblement ;
  • Spasticité en Station (= raideur musculaire involontaire).

Quels sont les symptômes du shivering ?

2HT2S. Tous ces termes techniques, c’est bien beau, mais concrètement, à quoi reconnaît-on le shivering chez le cheval ?

Tout d’abord, l’affection neurologique se manifeste principalement à froid, c’est-à-dire après une période de repos prolongée (à la sortie du box par exemple). Elle peut aussi apparaître lorsque vous proposez certains mouvements à votre cheval : travail en cercle, virages serrés, recul, et même lorsque vous lui prenez le pied pour un simple curetage. Dès que votre compagnon se remet en ligne droite et en activité, les symptômes s’éclipsent.

Bon à savoir : le shivering peut s’accentuer en période de stress ou d’excitation.

Le principal signe clinique ? Les membres postérieurs deviennent tendus et tremblent, d’où l’appellation de shivering (qui vient de shiver qui signifie frisson en anglais). L’équidé peut aussi brusquement lever un membre arrière qui reste suspendu, en hyperflexion et abduction (c’est-à-dire écarté de l’axe du corps), tremblotant, avant de se reposer doucement au sol.

Dans les premiers stades de la maladie chez le cheval, les symptômes peuvent être occasionnels, ce qui rend le diagnostic difficile. À mesure que l’affection progresse, ils s’aggravent. Les spasmes peuvent devenir douloureux et durent de quelques secondes à plusieurs longues minutes. Une hyperextension du jarret et du grasset peut également survenir, provoquant une instabilité si le cheval ne parvient pas à reprendre le contrôle de ses mouvements.

À un stade plus avancé, les muscles des cuisses s’atrophient petit à petit, entraînant une faiblesse de l’arrière-main. Les équidés atteints peuvent alors trébucher ou tomber en dormant. Ils élargissent parfois leur position naturelle pour améliorer leur stabilité. L’hyperflexion et l’hyperextension des membres postérieurs peuvent même se produire lors de mouvements vers l’avant. Enfin, certains chevaux présentent des oscillations de la tête, une transpiration excessive ainsi que des mouvements brusques de la queue (et on ne parle pas du coup de queue pour chasser les mouches !).

Bien que le shivering soit principalement observé sur les postérieurs, il peut, dans de rares cas, toucher les antérieurs, l’encolure ou la face. Dans ce dernier cas, ce sont les oreilles, les paupières, les lèvres et les joues qui sont sous le joug des tremblements.

Les causes et facteurs aggravants du shivering

À l’heure actuelle, l’origine du shivering chez le cheval n’est pas encore claire. On pense principalement à une composante génétique et/ou héréditaire, ainsi ; les grands chevaux (= qui mesurent plus d’1m80 au garrot), mais aussi certaines races spécifiques semblent être plus touchés par l’affection. C’est le cas des chevaux de trait, des Warmbloods, des Pur-sang (et leurs croisements), du Quarter Horse et du Morgans. Du côté du sexe, les hongres sont 3 fois plus susceptibles d’être diagnostiqués positifs au shivering… mais sans que l’on en connaisse pour quelle raison.

À noter : il n’existe pas de test génétique pour savoir si votre cheval a un risque de contracter la maladie du shivering.

Cependant, la piste de la prédisposition selon la race et le sexe n’est pas la seule. D’autres racines à ce mal neurologique ont été mises en exergue, et notamment celle des lésions nerveuses. En effet, certaines recherches ont démontré que les équidés atteints présentent des lésions dans le cervelet (une partie spécifique du cerveau). Et c’est cette partie qui gère la modulation des mouvements musculaires, dont… le recul et le soulèvement des postérieurs !

Enfin, certaines études mettent en avant différentes causes comme :

  • l’arthrose ou une autre origine ostéoarticulaire ;
  • une maladie infectieuse (la grippe et la gourme en ligne de mire) ;
  • un traumatisme musculaire.

Dans tous les cas, et quelle que soit l’élément déclencheur de la maladie, il existe des facteurs aggravants du shivering comme l’immobilité et le froid (qui exacerbent la raideur naturelle du cheval), la douleur, le stress et le travail trop intensif (qui, eux, amplifient les spasmes et l’évolution de l’affection).

Diagnostiquer le shivering

Le diagnostic du shivering chez le cheval est relativement complexe et dépendra en premier lieu de vos propres observations. Ainsi, si vous relevez, en plus des spasmes, des difficultés importantes à reculer et une aversion pour soulever et maintenir le postérieur en position fléchie (pendant le curetage des pieds par exemple), contactez votre vétérinaire rapidement.

Celui-ci vérifiera notamment la présence d’une hyperflexion de la jambe durant l’effort, voire une atrophie des muscles de la cuisse. Certains praticiens stimulent aussi le nerf sciatique par palpation transrectale.

Bon à savoir : dans le cadre d’un shivering, les examens complémentaires (bilan sanguin, échographie, etc.) ne donnent jamais de résultats probants qui valident le diagnostic de la maladie. En revanche, ils peuvent permettre d’éliminer d’autres troubles comme le Harper, la maladie du Motoneurone équin (MMNE), la Myéloencéphalite équine à protozoaire (MÉP), la myopathie fibrotique, le syndrome du cheval ou… une simple boiterie !

Comment gérer le shivering de son cheval au quotidien ?

Il n’existe aucun traitement pour guérir le shivering chez les équidés. Tous vos efforts devront donc être tournés vers votre compagnon pour améliorer son confort au quotidien et ralentir l’évolution de la maladie.

Pour ce faire, on va chercher à limiter les facteurs aggravants dont nous avons parlé un peu plus haut :

  • Mettre en place un programme d’exercice régulier, ni trop intense, ni trop faible, pour maintenir la masse musculaire.
  • Préférer une mise au pré plutôt que le box pour lutter contre l’inactivité.
  • Mettre une couverture en automne et en hiver pour aider le cheval à se défendre du froid et de l’humidité.
  • S’abstenir de donner des douches froides sur les membres postérieurs, y compris en été.
  • Éviter le stress au maximum en proposant un environnement le plus calme possible.
  • Faire appel à un ostéopathe (dont les effets peuvent être bénéfiques).
  • Administrer des tranquillisants lors de la ferrure ou du parage de votre cheval.
  • Fournir un régime équilibré à base de fourrage et éventuellement des compléments pour faire le plein d’énergie, de nutriments, de vitamines et de minéraux et soutenir le système nerveux et la masse musculaire.
  • Supplémenter en vitamine E et en sélénium (les chevaux souffrant de maladies neuromusculaires ont souvent besoin d’un coup de pouce à ce niveau).

Bon à savoir : certains disent que les équidés atteints de shivering requièrent un régime riche en graisses et pauvre en amidon. Toutefois, il faudra attendre des recherches complémentaires pour valider ou non cette théorie.

Les évolutions possibles de la maladie

Le shivering est une maladie neurologique qui impacte de manière très différente les individus. Ainsi, certains n’auront que des tremblements ténus lors de l’exécution de mouvements spécifiques quand d’autres feront face à des raideurs beaucoup plus importantes. Et son évolution en va de même.

Dans 74 % des cas, les symptômes s’aggravent avec le temps. La ferrure ou le parage devient peu à peu impossible, les muscles de l’arrière-main s’atrophient, les raideurs des membres sont telles qu’elles entraînent des mouvements brusques et provoquent des chutes, obligeant les propriétaires à mettre prématurément à la retraite leur compagnon.

Certaines formes de shivering sont particulièrement fulgurantes : la santé de l’équidé se dégrade très vite et peut même être à l’origine de dépression. Rassurez-vous, cela reste exceptionnel.

Bon à savoir : quelques rares cas de guérison et d’amélioration ont été décrits dans la littérature vétérinaire.

Sources :

Étude « Neurology: shivering » Vetlexicon

https://www.vetlexicon.com/equis/internal-medicine/articles/neurology-shivering/

Étude « Epidemiology of shivering (shivers) in horses » Equine Veterinary Journal BEVA

https://beva.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/evj.12296

Le point Vétérinaire « Le shivering ou la maladie des tremblements chez le cheval »

https://www.lepointveterinaire.fr/publications/pratique-veterinaire-equine/article/n-175/le-shivering-ou-la-maladie-des-tremblements-chez-le-cheval.html