Comment bien longer un cheval : matériel, bonnes pratiques et sécurité

Même si elle est malheureusement peu enseignée dans les centres équestres, longer un cheval est une compétence essentielle pour tout cavalier qui se respecte. Cette pratique, qui consiste à faire travailler l’équidé en cercle autour de soi, permet non seulement de renforcer la musculature et la souplesse de l’animal, mais aussi de développer une meilleure communication et connexion entre le propriétaire et son compagnon. Dans cet article, nous faisons donc le tour du sujet, des avantages du travail à pied à la sécurité, en passant par le matériel nécessaire, les codes vocaux et quelques exercices. À vos marques, prêt ? Longez !

Pourquoi faut-il longer son cheval ?

Encore peu enseignée dans les cours d’équitation (et c’est bien dommage !), la longe reste pourtant un exercice essentiel pour tous les chevaux. Cette façon de travailler à pied a de nombreux atouts… On vous en présente 8 :

  • Elle offre de la variété aux séances et évite ainsi ennui et lassitude, que ce soit de votre côté ou celui de votre compagnon !
  • La longe est souvent utilisée comme un échauffement, afin de commencer le travail en douceur, sans le poids d’un cavalier et d’une selle, ou au contraire pour ramener au calme un cheval au sang chaud. Dans les deux cas, le but est de prévenir d’éventuelles blessures.
  • À l’inverse, il est aussi possible de longer en fin de séance, comme une belle détente pour récupérer après un travail vigoureux.
  • Comme tout travail à pied, la longe est un excellent moyen de créer un lien plus fort et plus complice avec votre cheval.
  • Problème de santé, grossesse, météo capricieuse… La longe apparaît comme une alternative quand vous ne pouvez ou ne voulez pas monter à cheval. Vous continuez malgré tout à travailler et à maintenir votre connexion.
  • Au sol, il est beaucoup plus simple d’observer la locomotion et l’évolution de l’état physique d’un cheval. Et la longe est une technique redoutable pour travailler les différentes allures, mais également l’équilibre des équidés. Elle permet en outre de muscler et assouplir nos compagnons. Bref, c’est un combo gagnant !
  • Après une blessure ou une convalescence, il faut reprendre le travail progressivement pour éviter tout risque de rechute. Des séances de longe sont d’ailleurs souvent prescrites par les vétérinaires et les ostéopathes. Ce n’est pas pour rien : elles offrent le cadre parfait pour une rééducation ou une reprise de l’effort tout en douceur !
  • Particulièrement opportune pour les jeunes chevaux et ceux qui sont en plein débourrage, la longe est l’occasion de mettre en place des ordres clairs, voire des codes vocaux que vous pourrez ensuite réutiliser une fois en selle.

Convaincu ?

Comment longer un cheval ?

Vous avez sûrement déjà pu observer des cavaliers longer dans vos écuries. L’exercice peut paraître simple, mais en réalité, il est plus complexe qu’il en a l’air. Mieux vaut donc reprendre les bases !

La longe est une technique qui consiste à faire évoluer un cheval autour de soi, grâce à une longe fixée au mors ou au licol. Aux différentes allures, à main gauche et à main droite, et tout en dessinant un cercle plus ou moins serré, le cheval va ainsi travailler. De votre côté, vous devez rester au centre, le plus immobile possible, et le guider au moyen de quatre aides : la longe, votre position par rapport à son propre corps, votre voix et une chambrière (bien que vous puissiez vous en passer si votre acolyte a beaucoup d’allant).

Plus concrètement, placez-vous à la perpendiculaire de votre compagnon, avec la longe dans la main du côté où il tourne. Pour une piste main droite, vous tiendrez donc la longe dans votre main droite et le surplus en huit (jamais enroulé autour de vos doigts ou votre main !) et la chambrière dans votre main gauche, et inversement pour une piste main gauche. Votre position va légèrement évoluer suivant vos ordres : pour faire avancer votre cheval, vous vous tournerez plutôt vers son arrière-main (sans être totalement derrière lui au risque de vous prendre un coup de sabot !) et pour le ralentir et l’arrêter, au contraire, vous vous placerez au niveau de son épaule. Le tout en respectant une distance d’une dizaine de mètres.

Astuce : un bon longeur ne marche quasiment pas durant la séance de longe. On doit pouvoir voir vos traces sur une surface de moins d’un mètre carré ! Au début, n’hésitez pas à dessiner un petit cercle dans le sable pour vous souvenir de rester à votre place.

Bien évidemment, vous allez également vous aider de votre voix pour gérer les différentes allures. Nous y reviendrons un peu plus loin dans cet article, mais des codes vocaux sont très faciles à établir et peuvent, au bout de quelques séances, être efficaces aussi bien en longe qu’à cheval !

Quid de la chambrière alors ? Il s’agit d’un simple outil qui vous permettra notamment d’apporter plus d’impulsion, parfait pour les chevaux avares d’efforts et flegmatiques, voire pour les yearling. Mais attention, contrairement à la cravache, la chambrière ne doit pas frapper les fesses de votre compagnon : vous allez juste la faire « claquer » plus ou moins vigoureusement derrière lui. La chambrière peut aussi être utilisée pour éloigner votre cheval s’il se rapproche trop de vous durant son cercle. Dans ce cas, vous agirez au niveau du passage de sangle, mais encore une fois, hors de question de le toucher !

Enfin, il est indispensable de toujours porter des gants quand vous longez un cheval. Et ce, même si votre partenaire est réputé pour son calme et son sang-froid légendaire : comme tous les équidés, s’il prend peur pour une raison X ou Y (un bruit, un élément nouveau dans son champ de vision, etc.), il va tirer et l’échauffement peut vite se transformer en méchante brûlure !

Un doute, une question ? Rapprochez-vous de votre coach, d’un moniteur d’équitation ou d’un cavalier averti pour avoir des conseils et progresser !

Le matériel nécessaire pour longer un cheval

Commençons par l’essentiel : la longe ! La longe de travail est différente de celle qui est vendue avec la plupart des licols. Tout d’abord, elle est bien plus longue et mesure généralement entre 8 et 10 mètres. Elle est aussi plate pour offrir une meilleure prise en main, bien que certains modèles éthologiques soient ronds. À vous de voir ce que vous préférez ! Comptez entre 10 € (pour une longe entrée de gamme) et 50 € (pour du haut de gamme et certaines longes éthologiques).

Cette longe, il va bien falloir l’attacher au cheval ! Pour ce faire, vous avez le choix :

  • Le filet : parfait pour un travail intensif. Le mors permet un contrôle plus fin, mais attention au revers de la médaille ! Un cheval chaud ne devrait jamais en porter en longe, car le risque de blessure au niveau de la bouche est réel.
  • Le licol plat : c’est souvent le matériel préconisé pour les débutants en longe, les équidés sensibles ou les jeunes en débourrage. Il offre un contrôle plus modéré que le filet, mais est aussi plus doux.
  • Le licol éthologique : son avantage premier est son petit prix, mais il est à manier avec précaution. En effet, les nœuds sont placés de manière stratégique et peuvent être douloureux en cas de contact prolongé ou de mouvements brusques.
  • Le caveçon : réservé aux longeurs expérimentés. Contrairement aux licols, le caveçon agit sur le chanfrein et plus précisément au niveau de la muserolle. Les nombreux d’anneaux vous permettent de choisir l’attache la plus adaptée aux exercices envisagés et il est particulièrement recommandé en cas d’enrênement puisqu’il n’y a aucune interférence sur l’embouchure entre la longe et ledit enrênement.

Passons à présent à la chambrière. Bien que beaucoup de cavaliers n’en utilisent pas, les débutants s’en servent comme un prolongement de leur main afin de renforcer les codes vocaux, les actions de la longe et les indications données par la position du corps. Il faut qu’elle soit légère (pour ne pas trop vous fatiguer) et assez longue. Vous trouverez des modèles de 15 € à plus de 75 € selon le matériau utilisé. Ainsi, et sans surprise, les chambrières en carbone sont les plus onéreuses. Mais rassurez-vous, pour commencer, les entrées de gamme sont très bien !

Pour protéger vos mains des brûlures de la corde, il n’y a qu’une solution : les gants ! Ne faites pas l’impasse sur cet accessoire pas si accessoire que ça ! Cuir (pour une grande résistance et durabilité) ou maille (pour une respirabilité à toute épreuve), avec marquage antidérapant en silicone pour une meilleure prise en main, vos gants doivent avant tout être bien ajustés pour éviter frottements et ampoules. Encore une fois, les prix sont très variables : entre une quinzaine d’euros pour les premiers prix et jusqu’à 50 € (et plus !) pour les modèles plus luxueux. La seule règle : essayez-les avant d’acheter pour être certain de leur taille !

Enfin, terminons par quelques accessoires pour longer un cheval ! Ces derniers sont réservés aux longeurs d’un niveau avancé :

  • Le surfaix : sorte de sangle équipée de nombreux anneaux qui permet d’ajouter des enrênements.
  • Les élastiques : ces enrênements, s’ils sont correctement utilisés, aident votre cheval à mieux se tenir.
  • Les gogues : attention à bien les régler pour éviter que votre compagnon trébuche dessus en extension d’encolure !

Les bonnes pratiques quand on longe un cheval

Ça vous tente quelques astuces pratico-pratiques sur l’art et la manière de bien longer un cheval ?

Savoir tenir la longe et gérer sa longueur

La longe doit être tenue comme une rêne, coincée entre le pouce et l’index (le pouce vers le haut !), la main détendue et le poignet souple. Ne vous crispez pas ! Pour rappel, vous devez utiliser la même main que celle de la piste : si votre cheval est à main gauche, alors c’est bien cette dernière qui tient la longe, et inversement.

La longe en elle-même doit toujours rester tendue durant le travail afin d’avoir un contrôle modéré et que les informations soient transmises au mieux. En d’autres termes, elle ne doit être ni trop tirée, ni trop lâche. Si celle-ci traîne au sol, attention aux risques de blessures, que ce soit de votre côté (vous n’êtes pas à l’abri de trébucher dessus) ou celui de votre compagnon ! Vous avez sûrement une assurance cheval, mais mieux vaut ne pas vous en servir, n’est-ce pas ?

Enfin, le surplus de longe doit être tenu fermement en huit par votre autre main. Ainsi, vous pourrez « dérouler » ou « réenrouler » facilement et rapidement selon le travail (si vous voulez agrandir ou resserrer votre cercle par exemple). Encore une fois, veillez à ne jamais faire de nœud autour de vos doigts, car en cas d’écart brusque ou de réaction vive de votre compagnon, vous risquez la fracture, voire l’arrachement. Et bien sûr, ne le laissez pas traîner au sol sous peine de vous prendre les pieds dedans !

Astuce : à la fin de votre séance de longe, cette dernière doit être parfaitement propre. Eh oui, si elle n’a à aucun moment touché le sol, vous ne devriez pas la retrouver recouverte de sable.

Utiliser sa voix quand on longe son cheval

Les codes vocaux, une fois bien établis, peuvent aussi bien être utilisés comme aide lors du travail à pied que pendant la monte. Certains cavaliers sont même capables de ne guider leur cheval qu’avec leur bassin, leur poids du corps et leur voix !

En longe, ces codes vous permettront d’être plus précis et efficace dans votre intention. Même si le cheval ne comprend pas la signification d’un mot, il en reconnaît le ton. Vous pouvez ainsi demander le trot aussi bien en français qu’en espagnol, cela ne fera aucune différence pour votre compagnon : seule la tonalité montante, traînante ou descendante, et plus ou moins énergique compte.

Les ordres vocaux pour les actions de base sont généralement toujours les mêmes :

  • « Au pas » : tonalité descendante, intonation lente et posée.
  • « Trooooottter » : tonalité traînante puis montante, intonation dynamique.
  • « Gaaaalop » : tonalité traînante et montante, intonation dynamique.
  • « Ooooh » – pour demander l’arrêt : tonalité traînante et descendante, intonation lente et posée.

Mais une fois que vous serez plus aguerri, vous pouvez en mettre d’autres en place pour des exercices plus complexes : extension d’encolure, épaule en dedans, etc.

A quelle fréquence longer son cheval ?

Tout cela est bien beau, mais vous vous demandez peut-être combien de temps vous devez tourner en rond dans le manège ou la carrière… Et combien de séances de longe par semaine devez-vous prévoir ?

De manière générale, le travail en longe dure une petite vingtaine de minutes, mais il est important de toujours adapter la durée des sessions à votre cheval… et à ses besoins du moment ! S’il fait particulièrement froid et que vous avez planifié une séance montée relativement intense, mieux vaut un échauffement d’une bonne trentaine de minutes. À l’inverse, si vous êtes l’heureux propriétaire d’un yearling, une quinzaine de minutes suffisent amplement, car il lui est difficile de rester concentré et attentif trop longtemps.

Bon à savoir : la longe est un exercice éprouvant pour les articulations du cheval du fait du travail en cercle serré, il ne faut donc pas en abuser !

Et quid de la fréquence ? Pour la plupart des chevaux, vous pouvez partir sur 2 séances par semaine.

Les techniques de longe

Longer pour longer, en plus d’être très vite barbant, est totalement inutile ! Pour que ce travail soit efficace et intéressant (à la fois pour vous, mais aussi pour votre partenaire !), vous devez structurer vos sessions. Pour ce faire, c’est bien simple, décomposez votre séance en 4 étapes comme n’importe quelle séance d’équitation :

  • Échauffement : quelques minutes, au pas, puis au petit trot sur un grand cercle, encolure longue (et aucun enrênement !). Le but est de faire « redémarrer la machine » en douceur.
  • Révision des acquis : 3/5 minutes environ, au trot et au galop. Votre cheval doit être à l’aise, à votre écoute aux deux mains.
  • Corps de la séance : entre 10 et 15 minutes environ, c’est maintenant que vous vous attelez à l’exercice spécifique que vous avez sélectionné. Pensez à bien travailler les deux mains. Vous vous apercevrez (si ce n’est pas déjà fait) que votre compagnon a un côté plus raide que l’autre : commencez toujours par celui-ci (l’exercice durera plus longtemps) pour terminer la séance par le côté le plus facile. Prévoyez un deuxième exercice si celui que vous aviez en tête s’avère trop difficile ou trop simple !
  • Détente : quelques minutes au pas et sans enrênement. Ce peut même être une petite promenade en main.

En panne d’idée d’exercices en longe ? Voici quelques exemples !

Exercice pour travailler le contrôle de l’allure et la direction

La technique de la spirale en longe est un incontournable si vous souhaitez améliorer ces deux points. L’objectif est simple : reproduire une spirale en agrandissant puis en rétrécissant les cercles.

Avec cet exercice, le niveau de difficulté est modulable. En effet, vous pouvez tout à fait commencer au pas et réaliser plusieurs spirales avant de passer au trot. Le galop est toujours un peu plus délicat (surtout en cercle serré) du fait de la sollicitation musculaire et du sens de l’équilibre nécessaire. À terme, vous pourrez varier les allures à l’intérieur même de votre spirale ou basculer sur une variante plus complexe : la spirale en accordéon. Dans cet exercice, vous demandez à votre compagnon d’allonger son allure sur les grands cercles et de se rassembler sur les petits.

Deux exercices pour muscler son cheval à la longe

Dos, abdominaux, épaules… La longe sollicite les différents groupes musculaires de votre cheval. Un des exercices les plus simples à mettre en pratique si tel est votre objectif est d’effectuer des transitions à chaque lettre du manège. Montante, descendante, plus ou moins rapidement, avec des variations dans l’allure (trot rassemblé vs trot allongé)… Les possibilités sont quasiment infinies !

Autre alternative pour travailler tout particulièrement l’arrière-main de votre acolyte : l’ajout de cavalettis. Il va ainsi être obligé d’engager davantage ses postérieurs pour passer les différents obstacles. Bien sûr, le but n’est pas de le confronter à un vertical de 1 m !

Exercice pour faire perdre du ventre à son cheval

Au printemps, dès la mise au paddock ou au pré, la plupart des chevaux (re) prennent du poids, mais certains ont tendance à l’embonpoint. Exit le travail sur le plat et place à la longe en dénivelé pour faire chauffer les muscles ventraux et les fessiers de votre cheval ! Bien sûr, la prudence reste de mise : travaillez uniquement sur un sol sans trou, que vous connaissez bien.

Les consignes de sécurité à respecter

En équitation, en longe ou monté, il est très chaudement recommandé de souscrire à une assurance responsabilité civile afin de vous protéger des risques liés à votre équidé. Pour rappel : en tant que propriétaire, vous êtes tenu responsable des dégâts qu’il pourrait causer à des tiers et les indemnisations demandées peuvent vite être faramineuses !

Reprenons à présent les consignes de sécurité les plus importantes à respecter quand vous longez un cheval :

  • La longe et le surplus de longe ne doivent pas traîner par terre : chute assurée si vous ou votre cheval vous emmêlez les pieds dedans !
  • Ne jamais faire de boucle autour de votre bras, de votre main ou de vos doigts avec le surplus de longe : les dégâts peuvent être considérables si le cheval tire. Formez des « 8 » avec la corde et tenez-la au centre.
  • Le port de gants est indispensable : la friction d’une corde contre la peau est (très) douloureuse et peut causer de graves brûlures.
  • Longez dans un espace fermé (manège, carrière ou encore mieux, rond de longe) : si le cheval vous échappe des mains, il ne peut aller nulle part et vous le rattraperez facilement.
  • Ne portez pas d’éperons : de manière générale, il est conseillé d’enfiler ses éperons avant de grimper en selle. En effet, ils peuvent gêner ou entraver la marche.
  • Maintenez toujours une distance de sécurité entre votre cheval sur son cercle et les autres chevaux qui travaillent : il n’est pas rare qu’un longeur s’approprie temporairement un coin du manège ou de la carrière pour être tranquille. N’hésitez donc pas à demander courtoisement aux autres cavaliers si vous pouvez en faire de même.
  • Checkez votre matériel et son ajustement : c’est tout particulièrement vrai pour les enrênements (élastiques, gogues, etc.). Ceux-ci doivent être correctement mis pour éviter tout accident et toute gêne. Mais faites de même pour votre filet ou votre licol : un montant qui frotte près de l’œil n’est guère agréable pour votre cheval.
  • En cas de saut de mouton ou si votre cheval cherche à vous embarquer : restez calme, accroupissez-vous (pour votre propre équilibre) et resserrez de plus en plus votre cercle. L’équilibre, la souplesse et l’effort musculaire exigés viennent à bout des chevaux les plus chauds. Et bien sûr si cela devient trop dangereux, lâchez la longe !