La toux du cheval : causes et traitements

Cheval blanc qui tousse fort.

De la grosse quinte aux petits toussotements d’irritation en passant par la toux grasse, la toux fait partie des troubles les plus courants chez les chevaux. Si elle ne semble pas alarmante à première vue, elle est en réalité un symptôme sur lequel il faut se pencher. En effet, elle peut révéler des causes diverses et variées, allant d’un simple corps étranger resté bloqué dans les sinus aux affections les plus graves comme la pneumonie équine. Que ce soit pour prévenir les complications ou pour garantir le bien-être de l’animal, il est indispensable d’agir ! Dans cet article, nous explorerons les origines possibles de la toux du cheval et les traitements adaptés pour y remédier. Histoire d’éviter qu’elle ne devienne chronique !

Pourquoi les chevaux toussent-ils ?

Comme chez les humains, les chevaux ont un réflexe de défense lorsqu’un corps étranger ou une substance anormale s’infiltre dans leurs voies respiratoires, par la bouche ou par les naseaux : c’est la toux. Le but ? Faire sortir l’élément indésirable de l’organisme. Il s’agit d’un mécanisme totalement naturel, physiologiquement parlant. Ce n’est que quand il est chronique ou répété qu’il devient pathologique.

Quelles sont les causes de la toux chez le cheval ?

La toux du cheval peut avoir plusieurs causes :

  • Une infection : une bactérie ou un virus pénètre dans l’organisme et entraîne, parmi d’autres signes cliniques, une toux. C’est par exemple le cas de la grippe équine, de la rhinopneumonie ou encore de la gourme. Généralement bénigne lorsqu’elle ne touche que les voies respiratoires supérieures de l’équidé (= naseaux, cornets naseaux, sinus, volutes nasales et pharynx), elle peut avoir de sérieuses conséquences si elle parvient jusqu’aux poumons.
  • Une inflammation : l’inflammation est liée à l’environnement (communément la poussière ou la moisissure, plus rarement, le pollen). Face à ce qu’il considère comme une agression extérieure, l’organisme de l’équidé réagit de manière excessive, un peu comme une allergie. L’inflammation se concentre la plupart du temps sur le larynx, mais dans certains cas, elle peut glisser jusqu’aux poumons et devenir chronique.
  • La présence de parasites : c’est relativement rare, mais il existe bel et bien de petits vers qui peuvent migrer dans les poumons. Le diagnostic est souvent délicat (du fait des coproscopies négatives — analyses de crottins), alors que le traitement est simplissime : il suffit de vermifuger le cheval pour en venir à bout.

Les pathologies qui peuvent être liées à la toux

Votre cheval tousse ? Faisons le point ensemble sur les différentes pathologies qui provoquent ce symptôme.

Les infections respiratoires

Les maladies respiratoires sont les infections les plus fréquentes chez les chevaux. Parmi elles : la gourme et l’emphysème sont sur les deux premières marches du podium.

La gourme est une infection due à une bactérie nommée S. equi qui touche les voies respiratoires supérieures de l’équidé. En plus de la toux, vous pouvez observer de l’hyperthermie (fièvre au-dessus de 38,5 °C), des ganglions lymphatiques enflés au niveau de la mâchoire de votre compagnon et un écoulement nasal épais et blanchâtre. Si elle n’est que rarement mortelle, la gourme est en revanche particulièrement contagieuse.

L’emphysème, quant à lui, est une maladie respiratoire chronique. On la compare souvent à l’asthme chez nous autres, humains, car elle en a des symptômes similaires : difficultés à respirer avec une respiration sifflante et une toux persistante. À la radio, le vétérinaire repère la destruction progressive des alvéoles pulmonaires. Généralement, les chevaux font des « pics saisonniers » : en hiver, ce sont les moisissures, les champignons et les poussières (nourris par l’humidité et le froid ambiant) qui en sont les coupables. Et au printemps, c’est au tour du pollen de faire réagir violemment l’organisme de l’équidé. L’emphysème ne se soigne pas : la dégradation des alvéoles pulmonaires est irréversible. Toutefois, il est possible de soulager le cheval atteint par des gestes simples (tremper le foin, prendre soin de son environnement par exemple) et par des corticoïdes pendant les crises.

Les maladies virales

Nous les avons évoquées un peu plus : certaines infections virales (= dues à un virus dans l’organisme) peuvent provoquer de la toux. C’est d’ailleurs une des causes les plus fréquentes.

Parmi elles, la pneumonie équine entraîne plusieurs signes cliniques comme de la fièvre, un écoulement nasal, de grosses difficultés respiratoires, et bien évidemment de la toux. Cette inflammation des tissus pulmonaires peut être due à un virus (comme celui de la grippe équine, qui est, elle-même provoquée par le virus de l’influenza équine), mais aussi à des bactéries et même des champignons. Elle doit être prise au sérieux, car, sans traitement, elle est vite létale.

N’oublions pas également la rhinopneumonie équine, causée par l’herpèsvirus équin de type 1 ou 4 (respectivement, EHV-1 et l’EHV-4) dont les conséquences peuvent être dramatiques (complications neurologiques graves, avortements, etc.).

Ces maladies virales sont particulièrement contagieuses (un peu comme notre propre grippe durant l’hiver) et demandent toute votre attention de propriétaire. Une toux peut donc cacher quelque chose de (très) grave.

Les allergies

Comme nous l’avons vu précédemment, les équidés peuvent aussi être allergiques ! D’un point de vue physiologique, il s’agit d’une hypersensibilité du système immunitaire. En présence d’un corps ou d’une substance allergène, l’organisme réagit de manière disproportionnée pour éliminer ce qui lui apparait comme un danger.

Concrètement, la toux n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les allergènes respiratoires ou les éaroallergènes (= qui pénètrent dans les voies respiratoires du cheval par leur simple inhalation) peuvent produire un surplus de muscus au niveau pulmonaire, des spasmes bronchiques et de l’asthme. L’individu atteint aura du mal à fournir des efforts au travail, car ses capacités respiratoires seront bien moindres.

L’asthme équin

Aussi appelé « pousse », l’asthme équin ou AÉ est un syndrome respiratoire inflammatoire chronique.

Bon à savoir : il s’agit d’un terme plutôt récent qui remplace ceux de « maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) », « maladie obstructive des voies respiratoires profondes associée au pâturage » et « bronchiolite chronique » désormais dépassés.

Cette inflammation qui provoque une occlusion plus ou moins importante des voies respiratoires inférieures de l’équidé (dû à une surproduction de mucus dans les poumons) entraîne toux et respiration sifflante. Elle touche notamment les individus qui restent en box et qui sont devenus hypersensibles à la poussière, aux moisissures et aux acariens présents dans les écuries, le box en lui-même et le foin. Mais les chevaux qui vivent à l’extérieur peuvent aussi contracter l’asthme équin à cause des pollens : on appelle cette forme particulière « l’asthme équin associé au pâturage ».

Les anomalies anatomiques et autres causes

C’est plus rare, mais des anomalies anatomiques peuvent également entraîner de la toux chez le cheval. On pense notamment aux compressions vasculaires de la trachée ou à de « simples » malformations du larynx, des sinus et autres parties des voies respiratoires supérieures. Dans ce cas, votre vétérinaire peut vous proposer une intervention chirurgicale pour y remédier.

Enfin, n’oublions pas les corps étrangers (comme un brin de foin) qui peuvent être inhalés, se retrouver bloqués et provoquer une irritation de la trachée. L’équidé va chercher à s’en débarrasser… en toussant !

Soulager la toux de son cheval

La toux est une maladie fréquente chez le cheval mais elle peut avoir de nombreuses causes, et c’est avant tout celle-ci que le vétérinaire va chercher à cerner afin de proposer le bon protocole de soins.

Pour l’aider, vous pouvez d’ores et déjà prendre quelques notes :

  • À quoi ressemble la toux ? Est-ce une toux plutôt sèche ou grasse ? Des quintes ou des épisodes ponctuels ? Y a-t-il des sécrétions de muscus qui sortent ? N’hésitez pas à filmer votre cheval pour montrer la vidéo à votre vétérinaire.
  • Quand la toux semble-t-elle la plus importante ? Pendant le travail ou non ? Après le nettoyage du box ? À une saison en particulier ? Au moment de dévorer son foin ?
  • Y a-t-il d’autres signes cliniques ? De la fièvre ? Des écoulements nasaux ? Une baisse de l’appétit ?

Une fois le diagnostic posé, votre vétérinaire pourra vous aider à soulager la toux de votre compagnon à quatre pattes, mais surtout s’atteler à soigner l’infection, l’inflammation ou l’allergie responsable. N’oublions pas que la toux n’est qu’un symptôme !

Ainsi, s’il s’agit d’une infection bactérienne, des antibiotiques pourront être prescrits. Contre les virus, ce seront des traitements symptomatiques (qui apaisent uniquement les signes cliniques puisque les antibiotiques sont inutiles dans cette situation). En cas d’inflammation respiratoire (un début d’emphysème par exemple), votre vétérinaire vous aidera à mieux gérer l’environnement de votre cheval.

Bon à savoir : il existe des sirops qui sont très efficaces pour calmer la toux de son cheval. N’hésitez donc pas à demander à votre vétérinaire de vous en prescrire.

Au-delà de l’aspect purement médicamenteux, il est important de prendre soin de votre compagnon pour limiter les crises :

  • Offrez-lui 1 ou 2 jours au repos pour éviter de travailler dans un environnement poussiéreux (en carrière et en manège) et forcer sur l’appareil respiratoire déjà mis à mal.
  • Faites tremper le foin pendant de longues heures ou traitez-le avec un système à vapeur pour l’humidifier et faire la chasse aux poussières. Bien évidemment, le fourrage devra être de qualité optimale !
  • Abstenez-vous de balayer les allées de l’écurie en présence de votre cheval (laissez-le à l’attache ou au paddock en extérieur le temps du ménage).
  • Arrosez le paddock durant les fortes chaleurs pour éviter la terre poussiéreuse qui irriterait les voies respiratoires de votre équidé.
  • Ne travaillez pas dans une carrière trop sèche et préférez les sorties « nature » si c’est possible.

Quand consulter un vétérinaire ?

La toux chez le cheval, même s’il s’agit du seul symptôme, doit être traitée avec précaution. Ainsi, il est toujours recommandé d’appeler le vétérinaire au plus vite pour faire un point sur ce qui la provoque. En effet, une fois installée, elle a plus de risque de s’aggraver, de causer des dégâts et surtout… il sera plus difficile de s’en débarrasser ! La toux deviendra alors chronique. En fait, il est plus simple de soigner une toux violente, mais récente, plutôt qu’une petite toux insidieuse qui dure depuis des semaines ou des mois. Typiquement, si votre cheval ne tousse qu’une ou deux fois au moment de travailler, il y a fort à parier qu’il ne s’agit que d’une petite inflammation du larynx ou de la trachée. Le hic ? À force, l’irritation continue va accentuer l’inflammation !

Concrètement, le vétérinaire va d’abord vous poser un maximum de questions sur la toux en elle-même (d’où l’intérêt d’avoir fait vos propres analyses comme on vous le conseille dans la partie précédente !), mais aussi sur les traitements et la prévention mis en place. En plus de l’état général de votre compagnon, il va se focaliser sur ses voies respiratoires : palpation des ganglions lymphatiques et du larynx pour estimer leur sensibilité, observation des écoulements nasaux et des traces de jetage, examen des flancs pour évaluer la courbe respiratoire (et une éventuelle détresse), auscultation de la trachée et des bronches après un exercice, etc.

Le vétérinaire peut également ordonner des examens complémentaires. Une prise de sang (pour éliminer le risque bactérien et/ou viral) et une endoscopie des voies respiratoires supérieures (pour vérifier une possible inflammation de la muqueuse et/ou la présence de mucus ou de saignements) sont les deux examens les plus couramment proposés. Dans certaines situations, il peut aussi vous recommander une analyse de liquide prélevé dans la trachée ou dans une bronche (on parle alors d’analyse cytologique), une radiographie du thorax ou encore une échographie pulmonaire.

Dans tous les cas, gardez en tête qu’une toux n’est (quasiment) jamais anodine et nécessite donc l’intervention du vétérinaire !