25 ans à 30 ans à passer à ses côtés… Et puis, un beau jour, tout est fini. Un cheval qui décède, c’est une épreuve pour tous les propriétaires. On l’espère le plus tard possible, quand il devient vieux, mais dans certaines situations (accident ou maladie grave), l’euthanasie est la meilleure échappatoire que l’on peut proposer à son compagnon. Cet article est dédié au sujet ô combien délicat de la fin de vie : déclaration de la mort de l’équidé à l’IFCE, équarrissage, incinération, frais… Connaître toutes ces formalités vous permettra de vous focaliser sur ce qui prend le plus de place : le deuil.
L’épreuve de l’euthanasie du cheval
Fourbure avec bascule de phalange, arthrose sévère, insuffisance rénale avancée, emphysème, colique aigüe, fracture… La question se pose alors : doit-on poursuivre les soins, se battre ? Ou mettre un terme à toute cette souffrance ?
Ce dilemme auquel font face les propriétaires dont le compagnon ne parvient plus à manger, ne peut plus se lever ou lorsque le pronostic de survie est très sombre, est extrêmement difficile et douloureux à vivre.
S’il n’est pas possible de prendre la décision à votre place, nous pouvons toutefois vous proposer une piste de réflexion. Tout bon propriétaire met le bien-être de son cheval au cœur de ses préoccupations. Mais que place-t-on derrière ce terme générique de « bien-être » ? On peut parler de l’absence de douleur, la capacité à se nourrir, le fait de pouvoir interagir normalement avec ses congénères, ou encore le fait de se sentir « bien dans ses sabots ». Quand ces points ne sont plus respectés, le confort de vie de l’animal est fortement diminué, n’est-ce pas ? Alors, il est légitime de vous poser la question de l’euthanasie et d’en discuter avec votre vétérinaire.
Le sujet est difficile à aborder du fait des émotions qu’il provoque, pourtant, cela reste une chance de pouvoir offrir à votre compagnon une sortie digne et honorable, de mettre fin à une souffrance physique qui ne peut s’éteindre autrement. Votre vétérinaire est le meilleur interlocuteur pour confier vos doutes et vos interrogations, car il pourra vous dire en toute objectivité s’il est encore possible de faire quelque chose ou non. Pour autant, il n’a pas le droit de passer à l’action sans votre consentement.
Si vous faites ce choix, voici comment se déroule une euthanasie. Tout d’abord, et pour rappel, seul le vétérinaire est habilité à réaliser cet acte. Et, comme dit précédemment, il a besoin impérativement de votre accord. L’idéal est de choisir un endroit où votre compagnon se sent en sécurité.
Bon à savoir : afin d’éviter des difficultés par la suite, n’optez pas pour son box. En effet, le service chargé de venir récupérer le corps aura bien du mal à y accéder. Si cela n’est pas possible, il faudra sortir la dépouille avant la « rigidité cadavérique ».
L’acte en lui-même est totalement indolore : votre cheval ne sentira rien, hormis la piqûre destinée à poser un cathéter, il va simplement s’endormir. Et pour cause, la première étape d’une euthanasie consiste à administrer une sédation ou une anesthésie générale. L’animal s’endort et ne ressent plus aucune douleur. Un premier soulagement.
Puis, le vétérinaire injecte un produit narcotique qui va provoquer l’inconscience et un arrêt cardio-respiratoire. Le cheval ne sent toujours rien et la mort l’accueille, sans souffrance, apaisé.
Bon à savoir : certains équidés ont des mouvements réflexes quelques secondes après le décès, c’est tout à fait normal et purement mécanique.
Enfin, le vétérinaire constate le décès de l’animal.
Bon à savoir : l’euthanasie d’un équidé coûte entre 150 € et 200 €. Ces frais peuvent être couverts par votre assurance cheval selon le contrat souscrit.
Les démarches administratives après le décès du cheval
Difficile de réfléchir et de s’atteler aux différentes démarches à réaliser quand on est submergé par la douleur et la tristesse. Nous allons donc faire le plus clair et le plus factuel possible afin de vous accompagner au mieux pendant cette épreuve.
Bon à savoir : il est interdit en France d’enterrer un équidé, sous peine d’une contravention de 3 750 €. En revanche, la loi impose au propriétaire de prendre en charge le corps de l’animal par le biais d’une société spécialisée en la matière.
Faire constater le décès de l’équidé et déclarer la mort de son cheval à l’IFCE
Le constat du décès de l’animal ne peut être réalisé que par un vétérinaire. Celui-ci peut également se charger de déclarer la mort de l’équidé auprès de l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation) si vous le souhaitez. Dans le cas contraire, vous aurez 48 heures pour vous rendre sur votre espace SIRE et faire le nécessaire. C’est aussi depuis cet espace que vous pourrez régler les frais d’équarrissage dont nous parlerons plus tard.
Bon à savoir : 48 heures, cela peut paraître très court. En réalité, l’objectif de l’IFCE est double : cela permet d’assurer une certaine sécurité sanitaire (et éviter que le corps se dégrade dans un pré ou dans un box) et limiter le risque de fraude (utilisation des documents d’identification de l’animal pour un autre cheval).
Dans le cas très particulier d’un poulain disparu qui n’a pas encore reçu son numéro de SIRE, vous devrez contacter l’IFCE par téléphone. L’organisme vous transmettra alors un SIRE temporaire qui vous ouvrira la déclaration de décès en ligne.
Procéder à l’enlèvement du corps et choisir entre équarrissage et incinération
Après avoir déclaré la mort de votre cheval à l’IFCE, vous devez vous rapprocher d’une société spécialisée dans l’enlèvement des corps. Cette dernière va transporter votre animal jusqu’au crématorium. Vous pouvez choisir entre :
- L’équarrissage : la dépouille de l’équidé est remise à un point de collecte où elle est « recyclée » avec d’autres cadavres d’animaux.
- L’incinération : le corps du cheval est brûlé, soit seul, soit avec d’autres animaux de compagnie. S’il s’agit d’une crémation individuelle, vous pourrez récupérer les cendres.
Il n’y a pas un meilleur choix que l’autre. Tout dépend de votre souhait et de votre budget comme nous le verrons un peu plus loin dans cet article.
Renvoyer les documents d’identification de l’équidé au SIRE
Que vous choisissiez l’équarrissage ou l’incinération, vous allez devoir vous séparer des documents d’identification de votre cheval, c’est-à-dire le livret (aussi appelé passeport) et la carte d’immatriculation. En effet, ce n’est qu’à leur réception au SIRE que l’IFCE valide définitivement le décès d’un équidé.
Généralement, cette formalité est réalisée par l’équarrisseur ou la société d’incinération, mais vous pouvez également vous en charger.
Bon à savoir : vous désirez garder le passeport de votre cheval en souvenir ? C’est possible, mais il faut en faire la demande ! Pour cela, envoyez un courrier à l’IFCE en expliquant votre requête et joignez le document d’identification et la carte d’immatriculation originaux, ainsi qu’une enveloppe timbrée à votre nom et adresse. Une fois l’information du décès annotée dans la base de données du SIRE, le livret vous sera renvoyé après apposition d’un tampon indiquant la mort de l’individu. En revanche, il ne vous sera pas possible de récupérer la carte d’immatriculation qui, elle, doit être archivée par le SIRE.
Après le décès du cheval : équarrissage ou crémation ?
La question ne s’est pas posée avant 2010. La seule solution après la mort d’un équidé était l’équarrissage, l’inhumation (= le fait d’enterrer l’animal) ayant toujours été interdite. Aujourd’hui, il est possible de choisir une alternative : la crémation individuelle ou collective.
Bon à savoir : en France, il n’y a pas de cimetière équin. Le seul cimetière animalier qui autorisait les dépouilles de plus de 50 kg se situait dans l’Oise, à Saint Leu d’Esserent, mais il a fermé ses portes en 2007.
Faire appel à un service d’équarrissage
Jusqu’en 2010, l’équarrissage était la seule option pour les propriétaires de chevaux.
Concrètement, la société d’équarrissage rapatrie le corps à un point de collecte où il rejoint d’autres dépouilles d’animaux de plus de 40 kg (vaches, moutons, cochons, etc.) avant d’être « recyclés ». En d’autres termes, les cadavres sont transformés et revendus à d’autres industries : gélatine, engrais, solvants, carburants, farines animales, etc.
Tout ceci a un coût que vous avez l’obligation légale de prendre en charge. Le prix de l’équarrissage d’un cheval ou d’un poney varie entre 125 € et 600 € si vous passez par le service mutualisé ATM, rattaché à l’IFCE. En effet, cela dépend de 3 critères :
votre département ;
l’espèce (poney, cheval de selle ou de trait, âne) ;
l’âge de l’animal.
Un tableau récapitulatif est disponible en ligne pour connaître le montant exact de l’équarrissage de votre équidé.
Bon à savoir : avec EquidAssur, c’est jusqu’à 500 € remboursés sur facture grâce à la souscription d’une assurance santé pour votre cheval !
La marche à suivre est relativement simple. Dès que le vétérinaire a constaté le décès de votre animal, vous pouvez vous connecter sur votre espace SIRE pour régler les frais d’équarrissage en ligne. Cependant, prenez garde ! Même si la société est informée du paiement réalisé, il est indispensable de prendre rendez-vous afin de procéder à l’enlèvement du corps.
Au moment de la venue de l’équarrisseur, vous lui remettrez le document d’identification, la carte d’immatriculation ainsi que l’accusé de réception de votre paiement à l’ATM. De cette manière, vous êtes assuré de ne pas devoir mettre (à nouveau) la main à la poche !
Bon à savoir : il n’est pas obligatoire de passer par le service mutualisé de l’ATM. Vous êtes libre d’opter pour un autre équarrisseur si vous le souhaitez. Nous vous recommandons toutefois de comparer les prix avant de vous engager.
Faire appel à un service de crémation
Incinération individuelle ou collective (avec d’autres animaux de compagnie), c’est désormais possible et de plus en plus de propriétaires optent pour cette solution qui leur permettent d’offrir un dernier adieu digne à leur cheval. C’est ainsi que plusieurs sociétés se sont spécialisées dans la crémation en France.
Côté tarifs, le prix de la crémation d’un cheval est plus onéreux que l’équarrissage. Pour une incinération collective, comptez entre 800 € (pour un poney) et 1 200 € (pour un cheval de selle). Quant à l’incinération individuelle, vous devrez débourser entre 1 800 € et 2 200 €. À cela s’ajouteront également les frais de transport (à partir de 200 €) puisque les sociétés de crémation procèdent aussi à l’enlèvement du corps. Un véritable budget à prévoir.
Mais pour ce prix, le service est à la hauteur de l’amour que vous portez à votre ancien compagnon. Le vétérinaire doit, en plus de déclarer le décès de l’animal, co-signer avec vous, son propriétaire, une convention de prise en charge et de crémation de l’équidé. Une fois ce document signé, vous pouvez contacter une société qui viendra chercher en moins de 48 heures la dépouille.
Par respect, votre cheval est enveloppé d’une couverture avant d’être transporté jusqu’au crématorium. Sur place, vous pourrez prendre le temps de lui dire adieu et avez même la possibilité de glisser un objet symbolique à ses côtés (hors objets avec métal et/ou piles). La crémation en elle-même dure environ une demi-journée, et, si vous en avez envie, vous pouvez récupérer les cendres de votre cheval (en totalité ou en partie). Ces dernières peuvent ensuite être dispersées ou conservées soigneusement dans une urne ou un bijou funéraires.
Bon à savoir : disperser les cendres d’un équidé, c’est possible sous certaines conditions. Vous pouvez notamment choisir le jardin du souvenir du centre funéraire comme dernière demeure pour votre compagnon, mais aussi votre propre jardin (uniquement si vous êtes propriétaire — ou avec l’accord de celui-ci) ou encore en pleine nature (suffisamment éloigné des voies et parcs publics, des champs de cultures et des cours d’eau), dans un endroit que votre cheval aimait.