La gourme du cheval : causes, symptômes et traitements

La gourme du cheval

La gourme équine est une maladie respiratoire hautement contagieuse qui peut mettre à terre toute une écurie en quelques semaines. Provoquée par la bactérie Streptococcus equi, cette infection se caractérise par l’apparition d’abcès au niveau des ganglions lymphatiques et des voies respiratoires supérieures. Bien que souvent bénigne, la gourme peut toutefois évoluer vers des formes plus graves et entraîner des complications sévères (forme erratique ou troubles à médiation immune). En tant que propriétaire, il est donc important d’en reconnaître les symptômes et les gestes de prévention. Dans cet article, nous ferons un large tour d’horizon de la maladie, depuis ses signes cliniques jusqu’au traitement, en passant par son diagnostic. C’est parti !

Qu’est-ce que la gourme équine ?

La gourme est une maladie respiratoire très contagieuse qui provoque une inflammation de l’ensemble des voies respiratoires supérieures (= naseaux, trachée, sinus, pharynx et larynx) et des abcès au niveau des nœuds lymphatiques de l’auge et de la gorge du cheval atteint. La responsable de cette infection ? Un streptocoque, une bactérie au doux nom scientifique Streptococcus equi subspecies equi (S. equi).

Présente partout à travers le monde, la gourme équine touche plus particulièrement les jeunes chevaux de moins de 5 ans, mais la bactérie est suffisamment dangereuse pour affecter également les plus âgés. La morbidité (c’est-à-dire le nombre d’individus atteints par ladite maladie du cheval dans un groupe spécifique) peut avoisiner les 100 % dans un troupeau, mais rassurez-vous ! La mortalité, elle, reste très faible : de l’ordre de 1 % à 5 %. Sans surprise, ce sont les poulains qui en sont les premières victimes.

Symptômes de la gourme chez le cheval

Les signes cliniques de la gourme équine

Les premiers signes cliniques d’une infection à la bactérie S. equi n’apparaissent pas tout de suite, c’est d’ailleurs ce qui fait de la gourme équine une maladie redoutable pour les chevaux. Le temps d’incubation est particulièrement long : il faut souvent attendre une quinzaine de jours, voire jusqu’à un mois pour les repérer.

La maladie débute par des symptômes non distinctifs :

  • une forte fièvre (supérieure à 40 °C) qui persiste durant plusieurs jours ;
  • une perte d’appétit ;
  • une torpeur et une baisse d’énergie.

Difficile de poser un quelconque diagnostic à ce stade. Les symptômes suivants relèvent de la pharyngite (inflammation du pharynx) avec difficultés à manger, à boire, voire à respirer. Pour la repérer, c’est plus simple : elle se caractérise par des écoulements nasaux importants. D’abord, transparents ou blanchâtres, ceux-ci deviennent jaunâtres et épais en quelques jours. La toux n’est pas systématique.

Un gonflement au niveau de la gorge apparait enfin : c’est la dernière étape de la gourme. Les nœuds lymphatiques de l’auge et de la gorge sont inflammés et des abcès se forment. Leur maturation est très douloureuse et peut durer jusqu’à 4 semaines avant une quelconque rupture.

Bon à savoir : un écoulement purulent au niveau des yeux peut également être observé chez certains équidés malades.

Les signes cliniques sont plus ou moins marqués selon l’âge et la qualité du système immunitaire du cheval atteint. Bien évidemment la quantité de S. equi joue aussi un rôle : plus la bactérie prolifère, plus les symptômes sont sévères. Dans tous les cas, les équidés de moins de 5 ans, et en particulier les poulains, sont les plus fragiles face à la gourme.

Les complications de la gourme chez le cheval : forme erratique et troubles à médiation immune

Nous l’avons vu précédemment : la gourme, si elle est très contagieuse, n’est mortelle que dans de rares cas. En effet, les complications sont peu fréquentes (entre 15 % et 20 % des cas), mais peuvent être létales.

Lorsque la bactérie S. equi migre et s’en prend à d’autres parties du corps et provoque des abcès au niveau des nœuds lymphatiques de l’abdomen, du cerveau, des glandes mammaires ou des poumons : on appelle cela la forme erratique ou forme bâtarde de la gourme. C’est l’une des principales causes de décès de la pathologie.

En revanche, les troubles à médiation immune sont très rares et se manifestent par des inflammations des muscles (mysosite), du cœur (myocardite), des vaisseaux sanguins (purpura hémorragique ou gourme congestive). Là encore le pronostic vital est engagé pour l’animal.

Diagnostic de la gourme équine

Entre le temps d’incubation relativement long (et durant lequel l’animal malade est contagieux !) et l’absence de signes cliniques représentatifs les premiers jours, il est difficile de poser un diagnostic rapidement. La seule solution est de procéder à un test PCR, et encore, celui-ci ne doit pas être fait trop tôt, sous peine de se retrouver avec un faux négatif ! Il est recommandé d’attendre au moins 48 h à 72 h après l’apparition de la fièvre avant de s’en charger.

Rassurez-vous, votre vétérinaire sait bien tout cela et vous proposera donc le test PCR ainsi qu’une analyse de sang (pour checker l’augmentation des leucocytes, aka les globules blancs, et du fibrinogène, signes d’une infection bactérienne en cours) !

Bon à savoir : la prise de sang seule ne permet pas de confirmer le diagnostic de la gourme équine.

Plus concrètement, si vous suspectez votre cheval d’avoir la gourme, contactez au plus vite votre vétérinaire et procédez à son isolement par sécurité pour éviter une épidémie dans les écuries. Bien évidemment, parlez-en au propriétaire de l’infrastructure qui héberge votre compagnon afin qu’il prenne tout de suite des mesures de prévention (pas de changement de box ou de déplacement de chevaux, prise de la température de toute la cavalerie présente sur les lieux quotidiennement et isolement des individus aux premiers signes de fièvre).

Bon à savoir : la gourme fait partie des maladies surveillées par le RESPE (Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine). C’est pourquoi votre vétérinaire peut, avec votre accord, déclarer le cas à l’organisme. Cela vous permettra notamment de bénéficier de 50 % de réduction sur le coût des analyses en laboratoire et surtout, de prévenir au maximum le risque accru d’épidémie sur le territoire.

Traitement de la gourme chez le cheval

La gourme disparait d’elle-même… dans la grande majorité des cas (et surtout en l’absence de complications). Il faudra simplement placer votre cheval au calme, dans un box avec de l’eau à volonté et de la nourriture humide et facile à avaler (si possible légèrement en hauteur), et ce pendant 2 à 4 semaines.

Bon à savoir : l’utilisation d’antibiotiques pour guérir la gourme chez le cheval est uniquement réservée aux cas les plus graves (chez le poulain malade ou au contraire, chez le cheval âgé et amaigri, pour l’animal incapable d’ingérer quoi que ce soit ou en proie à une détresse respiratoire, pour les individus présentant des abcès métastatiques ou autre complication). Et pour cause, la balance bénéfices/risques n’est pas particulièrement positive. Explications. Tout d’abord, leur usage n’a pas été totalement démontré face à S. equi… En outre, cela retarderait la maturation des abcès durant le traitement, mais provoquerait leur réapparition dès lors que les antibios sont arrêtés. Enfin, cela pourrait enrayer la mise en place de l’immunité protectrice (= immunité développée APRÈS l’infection) chez le cheval… Une catastrophe quand on sait à quel point la gourme est contagieuse !

Si les antibiotiques ne sont pas préconisés pour traiter la gourme équine, en revanche, le vétérinaire pourra vous suggérer l’application de compresses chaudes sur les abcès afin de soulager mécaniquement la douleur de leur maturation. Si nécessaire, des incisions chirurgicales peuvent être réalisées par ses soins.

Bon à savoir : n’essayez JAMAIS de percer les abcès seul !

Une fois percés, les abcès devront être précautionneusement nettoyés avec un antiseptique dilué. Enfin, pour lutter contre la fièvre et diminuer la douleur, le vétérinaire pourra prescrire des anti-inflammatoires.

Prévention et contrôle de la gourme équine

Parce qu’elle est particulièrement contagieuse, la gourme doit être prise au sérieux et des mesures de prévention doivent être mises en place au plus tôt.

Ainsi, en cas d’infection, il est très chaudement recommandé de :

  • déplacer les chevaux ne présentant aucun symptôme dans des boxes, des paddocks ou des pâturages pour les isoler des malades ;
  • commencer toujours par s’occuper des équidés sains avant de passer aux malades ;
  • se laver/désinfecter les mains et changer de vêtements de protection (blouse et bottes) après visite et soins aux individus atteints de la gourme ;
  • utiliser du matériel à usage stérile pour les malades ou, le cas échéant, le désinfecter ;
  • nettoyer scrupuleusement les box et paddocks et les désinfecter régulièrement.

Bon à savoir : et pour les chevaux entrants dans l’écurie ? Le plus prudent est d’éviter tout déplacement, mais si ce n’est pas possible, il faudra mettre en place une quarantaine de 3 semaines. Les chevaux sortants, eux, doivent impérativement être testés par PCR (même s’ils ne présentent aucun signe clinique).

La difficulté principale de la gestion de la gourme dans une infrastructure tient plus du fait de départager les chevaux malades des porteurs sains ou en cours d’incubation (donc sans symptôme apparent) et des individus totalement sains. En effet, il n’y a que de cette manière qu’il est possible d’isoler ceux qui doivent l’être. Mais ce n’est pas si simple : pour qu’un cheval soit considéré comme « sain », les résultats du PCR doivent être négatifs 3 fois à 10 jours d’intervalle (soit sur 1 mois environ)…

Idéalement, il est conseillé de départager la cavalerie en 3 groupes :

  • les chevaux sains ;
  • les « cas contact » — les chevaux ayant été en contact avec des chevaux malades ;
  • les chevaux malades.

Dans le groupe des chevaux sains, la prise quotidienne de la température est indispensable puisqu’il s’agit du premier signe clinique de la gourme. Dès lors qu’un individu a de la fièvre, il doit être considéré comme atteint de la gourme et, par extension, isolé. Ceux qui ne sont pas touchés peuvent être vaccinés afin d’endiguer l’épidémie. Le protocole est assez long : 3 injections sont nécessaires (2 primo-vaccinations espacées de 4 semaines et 1 rappel 2 à 3 mois plus tard).

Pour les chevaux malades, la vaccination n’est conseillée que 3 mois après la guérison totale afin d’éviter des réactions sévères et dangereuses (œdème). Par précaution, il est possible de demander une analyse de sang et attendre que le taux d’anticorps diminue avant toute injection.

Bon à savoir : le vaccin contre la gourme est efficace pendant 1 à 2 ans.

Enfin, en cas d’épidémie, il est crucial de communiquer au maximum, à la fois dans la structure, mais également auprès des écuries des environs : les chevaux ne doivent JAMAIS se croiser au risque de propager la maladie. Durant cette période, il est donc fortement déconseillé d’organiser ou de se déplacer à des concours ou des rassemblements de chevaux.

Contagion et risques pour les autres chevaux

La gourme équine est très contagieuse : elle se transmet par les chevaux malades et ceux en convalescence, mais également via des porteurs sains (qui, alors qu’ils sont totalement guéris, continuent d’héberger la bactérie plus ou moins longtemps). En effet, après l’épisode de gourme, les chevaux peuvent toujours abriter S. equi pendant plusieurs semaines, voire plusieurs années dans leurs poches gutturales !

La propagation de la gourme se fait par contact direct entre les équidés, via les écoulements nasaux, le pus des abcès, la toux et le lait (dans le cas des juments suitées). Elle peut aussi être indirecte via le matériel, les équipements (abreuvoirs, mangeoires, etc.) ou même… les humains (les mains ou les vêtements par exemple) ! La bactérie a du mal à survivre dans un environnement lumineux (moins de 3 jours), cependant, elle peut rester jusqu’à 6 semaines dans les milieux humides ou l’eau !

De manière générale, il faut compter au moins 3 mois pour espérer faire disparaitre totalement la maladie d’une infrastructure.

Aspects complémentaires de la gourme équine

Nous venons de le voir : une épidémie de gourme dure plusieurs mois et cela représente un coût économique conséquent pour une infrastructure équestre ! Pour en limiter l’impact, il n’y a qu’une solution : prendre à bras le corps, et le plus tôt possible, la gestion de la crise.

Enfin, précisons tout de même que la gourme est présente dans le monde entier. En France, les épizooties sont nombreuses et c’est d’ailleurs pour cette raison (et les répercussions financières qui en découlent) que la maladie est surveillée par le RESPE (Réseau d’Épidémio-Surveillance en Pathologie Équine) depuis 2006. Cela passe par un réseau de vétérinaires sentinelles qui déclarent les premiers cas qu’ils rencontrent dans leur clientèle.