Les dangers du datura pour les chevaux

Gros plan sur une datura

Le datura, cette plante aux jolies fleurs blanches en forme d’entonnoir, a une apparence trompeusement innocente. Avec sa concentration élevée en alcaloïdes, des toxines connues pour causer des perturbations du système nerveux central et des complications cardiaques, elle cache en réalité un danger mortel pour les chevaux et provoque de graves empoisonnements. Coliques, palpitations, fièvre, difficultés motrices, troubles neurologiques… Les symptômes se manifestent en quelques heures et peuvent mener jusqu’à la mort. D’autant plus qu’il n’y a, à l’heure actuelle, aucun traitement spécifique ! Dans cet article, nous verrons comment reconnaître le datura stramoine, mais surtout les signes d’une intoxication. Les soins palliatifs seront bien sûr abordés ainsi que la prévention. Alors, poursuivez votre lecture !

Reconnaître le datura stramoine

Surnommé « herbe du diable », « herbe aux fous », « pomme poison » ou encore « herbe aux sorciers endormeuse », le datura (Datura stramonium) est une plante herbacée et, comme vous avez pu le deviner, particulièrement vénéneuse. On la retrouve notamment dans les champs de nos campagnes françaises et si elle n’est pas coupée, elle peut s’élever à une hauteur impressionnante de 2 mètres !

Vous la reconnaîtrez à ses larges feuilles dentelées et acérées qui, lorsqu’elles sont écrasées, libèrent une odeur forte et désagréable. Les fleurs du datura, quant à elles, sont blanches ou violettes en forme d’entonnoir. Ses fruits ressemblent à des bogues de châtaignes, dont la couleur vire du vert au brun suivant leur maturité.

Bon à savoir : de nombreuses applications pour smartphone vous permettent d’identifier les plantes à partir d’une simple photo. C’est le cas notamment de Pl@ntNet ou PlantSnap disponibles gratuitement sur Android et iOS.

Les parties et composants toxiques de la plante

Le datura représente un danger pour de nombreux mammifères, les équidés, bien entendu, mais également les humains ! En cause : la présence importante d’alcaloïdes comme la scopolamine et l’atropine qui provoquent des troubles nerveux et cardiaques et que l’on retrouve notamment dans la tige, les fleurs, les feuilles et les graines.

Bon à savoir : même si certaines parties du datura sont particulièrement concentrées en alcaloïdes, il n’en reste pas moins que toute la plante en elle-même est toxique.

Sa haute teneur en toxines fait que l’ingestion de quelques centaines de grammes (entre 100 g et 500 g) peut causer des symptômes cliniques graves chez un cheval de 500 kg… Et les graines sont les plus dangereuses pour les équidés, avec des effets apparaissant 30 à 60 minutes après ingestion !

Heureusement, la plante fraîche reste peu appétissante en raison de son odeur putride : les chevaux l’évitent au pâturage. Le danger vient en réalité du foin : en effet, même une fois séchée, sa toxicité persiste, mais son effluve nauséabond disparait. Elle peut alors être ingérée accidentellement. Il en va de même pour les graines qui peuvent tomber dans l’herbe rase du champ, ces dernières ayant perdu leur senteur répulsive.

Les symptômes d’une intoxication au datura chez les équidés

Les symptômes d’intoxication par le datura chez le cheval se manifestent rapidement, souvent en quelques heures (voire moins avec les graines) et, sans surprise, leur gravité dépend de la quantité de toxines ingérées. Dans les cas les plus sérieux, l’empoisonnement peut être mortel et, comme nous le verrons dans la partie suivante, aucun antidote n’existe. Il est donc essentiel de repérer les signes de détresse le plus vite possible afin que le vétérinaire mette sur pied un traitement palliatif.

Parmi les manifestations qui doivent vous mettre en alerte :

  • des signes d’inconfort (cheval qui tape du pied en tournant la tête vers son flanc, qui reste rigide comme s’il essayait d’uriner, etc.) ;
  • une posture étrange avec les pieds bien ancrés, mais le corps qui oscille (comme s’il était saoul) ;
  • des coliques modérées à sévères ;
  • des constipations ou au contraire des diarrhées ;
  • des palpitations cardiaques ;
  • des problèmes respiratoires et de l’essoufflement au repos ;
  • une perte de l’appétit ;
  • de la fièvre ;
  • une transpiration excessive ;
  • des difficultés motrices et notamment de déglutition.

En outre, il faut bien garder en tête que la consommation de datura entraîne de sérieux troubles comportementaux et neurologiques, avec une alternance marquée entre léthargie et hyperexcitation ou convulsions. Enfin, en l’absence de traitement, une paralysie du système nerveux central peut survenir (le cheval peut sembler « stupéfait »), menant à la mort en environ 6 heures.

Bon à savoir : le simple contact cutané avec la plante peut occasionner des symptômes moins graves que ceux résultant de l’ingestion. Il convient malgré tout d’appeler très rapidement le vétérinaire afin de poser le diagnostic et mettre en place le traitement pour la survie de votre cheval.

Que faire en cas d’intoxication au datura chez un cheval ?

À l’heure actuelle, il n’y a pas de remède spécifique pour les intoxications au datura chez le cheval. La seule solution est de soulager les symptômes et d’aider l’équidé à éliminer les fameux alcaloïdes le plus vite possible avant la paralysie totale du système nerveux central. D’où l’importance de contacter immédiatement votre vétérinaire si vous observez un comportement inhabituel ou des signes inquiétants chez votre fidèle destrier.

En attendant sa venue, voici quelques mesures à prendre :

  • Conservez un échantillon de la plante ingérée.
  • Ne déplacez pas votre cheval, car la marche peut accélérer la diffusion des toxines dans l’organisme.
  • Donnez-lui de l’eau afin qu’il reste hydraté, mais évitez la nourriture.

Dès son arrivée, le vétérinaire mesurera les signes vitaux de votre compagnon (pouls, respiration, température), vérifiera son état d’hydratation avec le test du pli de peau et s’assurera que les muqueuses des gencives blanchissent sous pression et reprennent bien leur couleur rose une fois ladite pression relâchée. Bien évidemment, si vous avez conservé un échantillon de la plante, il pourra vous dire avec certitude s’il s’agit du datura.

Si l’intoxication est diagnostiquée, le vétérinaire pourra alors prévoir un lavage gastrique, l’administration de charbon activé ou d’huile de paraffine, ainsi qu’une réhydratation par voie intraveineuse (= fluidothérapie). Si le cheval présente déjà des troubles comportementaux, un sédatif tranquillisant peut aussi l’aider. Le but est d’aller vite, il n’y a pas de temps à perdre.

Comment prévenir l’ingestion de datura par les chevaux ?

En premier lieu, il est essentiel de ne pas planter volontairement de datura dans des zones accessibles aux chevaux (pâturages, paddocks, abords des écuries, etc.).

Mais au-delà de ce conseil de bon sens, il faut aller plus loin et exterminer purement et simplement la plante de l’environnement de tout équidé. Pour cela, attendez fin août/début septembre lors de la tonte des prés. Quelques semaines plus tard, le datura fleurit (fin septembre/début octobre) et vous pourrez le repérer plus facilement. Il faudra ensuite l’éliminer.

S’il y en a peu, l’arrachage manuel est possible. Vous pouvez couper les tiges avant la formation des graines pour réduire la propagation des semences. Cette méthode étant temporaire (de nouvelles tiges peuvent repousser), il est souvent nécessaire de répéter cette opération plusieurs fois par an.

Bon à savoir : portez des gants de protection lors de l’arrachage du datura ! Le simple contact physique est toxique !

Enfin, contrairement à d’autres mauvaises herbes, il est préférable de jeter les résidus de datura à la poubelle plutôt que de les brûler pour éviter l’inhalation de fumées toxiques. Et bien évidemment, ne les mettez ni au compost, ni au fumier afin d’empêcher la dissémination des graines.

Si vos champs sont envahis de datura, l’utilisation d’herbicides spécifiques peut être nécessaire. L’application sera alors effectuée par des personnes qualifiées (souvent de manière ciblée, plante par plante, pour minimiser l’impact sur l’environnement), dans des conditions climatiques favorables, et lorsque les plantes sont en phase de croissance active.

Pour terminer, évitez de distribuer les fourrages ou les grains directement sur le sol. Et bien sûr, la vigilance est de mise lors de vos balades à l’extérieur, en cas de déménagement dans une nouvelle pension ou en concours !

Références :

IFCE – Equipedia « Le datura : plante toxique » par Nelly GENOUX (Ingénieure agronome — ingénieure de développement IFCE), Gilbert GAULT (Docteur vétérinaire – Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires [CNITV] — VetAgro Sup, École Nationale Vétérinaire de Lyon), Christel MARCILLAUD-PITEL (Docteure vétérinaire – directrice du RESPE) et Laetitia LE MASNE (Ingénieure de développement IFCE)

RESPE – Fiche technique — Le Datura