Un petit fruit qui peut faire des ravages… Derrière sa cupule, c’est un véritable poison et les cas d’intoxication aux glands chez le cheval sont de plus en plus fréquents dans nos contrées. Les responsables ? Les tanins hydrolysables qui se cachent à l’intérieur et qui entraînent un dessèchement des muqueuses, une alternance constipation/diarrhée et des symptômes de coliques pouvant aller jusqu’à la mort de l’animal. Si aucun antidote spécifique n’existe à l’heure actuelle, une prise en charge vétérinaire rapide et des traitements adaptés (lavages, d’estomac, antibiotiques, etc.) peuvent faire la différence. Dans cet article, nous ferons un tour complet du sujet et vous proposerons même quelques astuces en prévention. C’est parti pour la chasse aux glands !
Les symptômes d’intoxication aux glands chez le cheval
Les symptômes d’une intoxication aux glands chez le cheval apparaissent généralement après 1 à 4 semaines de consommation.
Dans un premier temps, les troubles digestifs sont prédominants : arrêt de la rumination, constipation alternant avec une diarrhée noirâtre, etc. Progressivement, le cheval perd son appétit et devient apathique. Il présente des signes de tachycardie (= cœur qui s’emballe) et de tachypnée (= respiration pulmonaire qui s’accélère). Des symptômes de coliques peuvent également apparaître, tout comme des ulcères buccaux. Dans les cas extrêmes d’intoxication, le cheval peut même saigner du nez et souffrir de selles ou d’urines hémorragiques.
Ensuite, l’évolution de l’intoxication est plus ou moins rapide selon les individus, mais peut mettre la vie de votre cheval en danger. Et pour cause, les reins peuvent être touchés, tout comme le système nerveux avec un risque aggravé d’ataxie.
Bon à savoir : l’automne est la saison propice à l’intoxication aux glands chez le cheval, car c’est à ce moment-là que les fruits parviennent à maturité et qu’ils tombent par centaine au sol. Vigilance donc à cette période !
Une intoxication causée par les tanins hydrolysables
La toxicité des glands, ainsi que leur goût si amer, est liée à la présence de tanins hydrolysables. La concentration de ces tanins dépend de plusieurs facteurs :
- la maturité du gland : plus il est vert, plus il est concentré ;
- l’espèce de chêne dont il provient : le chêne pédonculé, par exemple, serait le responsable de glands à la concentration la plus puissante ;
- l’âge de l’arbre en lui-même : plus le chêne est jeune, plus ses glands sont dangereux pour nos chevaux.
Important : même si tout notre article se focalise sur l’intoxication aux glands, il est crucial de savoir que les feuilles de chêne sont également néfastes pour les équidés. Et pour cause, ces dernières seraient à l’origine de troubles rénaux.
Mais concrètement, quel est le problème avec les tanins ? En fait, ce sont ces effets astringents sur la muqueuse digestive qui posent soucis chez le cheval : après métabolisation dans l’estomac de l’animal, il provoque un dessèchement des muqueuses, un déséquilibre du transit et du microbiote et une destruction des globules rouges. Pire, il entraîne des lésions au niveau des vaisseaux sanguins, des intestins, des reins et du foie.
Bien sûr, tout dépend de la quantité ingérée ! Plus votre compagnon à 4 pattes s’est goinfré de glands, plus le risque est important. Pas simple à gérer quand on voit que certains chevaux sont absolument accros à ces petits fruits…
Traitements et soins en cas d’intoxication
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si votre cheval consomme occasionnellement quelques glands, surtout si son régime alimentaire est riche en fibres (c’est-à-dire avec du foin et/ou de l’herbe de qualité). Toutefois, la réaction à cette ingestion varie selon les individus. Si un cheval semble apprécier les glands (car oui, il y en a qui adorent véritablement ça !) et en mange en grande quantité, c’est là que peuvent commencer les problèmes.
Bien qu’il n’y ait pas de remède spécifique contre l’intoxication par les glands, il est primordial de consulter un vétérinaire au plus vite dès l’apparition de symptômes digestifs ! En effet, ce dernier pourra mettre en place un certain nombre de traitements pour soulager lesdits symptômes : lavage gastrique, traitement antibiotique, laxatif et électrolytes par voie orale contre la constipation, voire réhydratation par perfusion si le cheval est incapable de boire par lui-même. L’examen du système digestif, notamment par gastroscopie, est souvent recommandé pour se rendre compte des dommages subis chez l’animal. Dans les cas graves, une hospitalisation peut être nécessaire pour une surveillance et un ajustement continus du traitement.
Le pronostic vital dépend de la quantité de glands consommée et de la rapidité de l’évolution clinique du cheval. Ainsi, si votre équidé a ingurgité peu de glands et/ou de jeunes feuilles de chêne et que l’évolution des symptômes est relativement lente, une intervention médicale rapide peut réduire les dommages des muqueuses digestives et rénales, améliorant les chances de rétablissement. Dans les cas d’intoxication aiguë, c’est une urgence vétérinaire : il n’y a pas de temps à perdre, car chaque heure gagnée peut sauver la vie de votre cheval !
Prévention de l’intoxication aux glands chez le cheval
Sans traitement spécifique, l’intoxication aux glands et aux feuilles de chêne doit être évitée au maximum et cela passe par la prévention et quelques gestes simples.
Ainsi, si des chênes se trouvent dans ou près de l’enclos de votre cheval, il est prudent de limiter l’accès à ces arbres. Une clôture peut être installée pendant les beaux jours et durant l’automne par exemple.
En outre, en cas de sécheresse (ou de gel), il est conseillé de fournir une alimentation supplémentaire à votre cheval (que ce soit en foin ou en granulés) afin qu’il n’ait aucune tentation d’aller se nourrir de ces petits fruits ou de feuilles de chêne. Et durant les périodes de conditions météorologiques extrêmes, telles que les tempêtes ou les inondations, qui peuvent entraîner une abondance de glands, il est judicieux d’interdire temporairement l’accès aux pâturages contaminés ou de ramasser les fruits problématiques.
Attention également en balade ! Lors de vos arrêts broutage, faites un tour rapide des environs pour vous assurer qu’aucune plante toxique ou qu’aucun gland ne sont à portée d’encolure !
Références :
– RESPE (Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine) —L’intoxication liée à l’ingestion de glands ou de jeunes pousses de chêne – Cheval Santé n° 124 Octobre-Novembre 2019 par G. GAULT CNITV VETAGROSUP (Lyon) et T. HERMANGE, CISCOONIRIS (Nantes)
– La Semaine Vétérinaire n° 1798 du 16/02/2019 – L’intoxication aux glands — par A. COUROUCÉ
– IFCE Equipédia —Les chênes : des plantes parfois toxiques — publié le 18/10/2023 — par N. GENOUX & L. LE MASNE